mercredi 16 juin 2010

PikouRous navigue à 92 m d’altitude !

Göran nous avait dit, le Göta Kanal c’est une navigation tranquille, même pas besoin de s’inquiéter de la météo, du vent… Mon œil ! Comme partout, près de 40 nœuds de vent (70 km), cela vous change le caractère d’une navigation. Car c’est la tempête qui s’est levée pendant la nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin… Non seulement notre nuit a été plus qu’agitée, mais au matin, nous étions toujours au pied d’un escalier de 7 écluses : quand faut y aller, faut y aller ! Et nous y sommes allés… Du côté des éclusiers, un peu de retard : il y avait trop d’eau dans l’escalier. A 10 heures, c’était parti en compagnie de 2 autres bateaux, dont un bateau allemand qui s'initie aussi à la manœuvre. Il est surveillé de près par les éclusiers, toujours prêts à porter main forte, et cela nous donne un peu plus de temps ! Mais placer correctement le bateau dans chaque écluse avec un vent de travers à décorner les bœufs, puis le faire monter et le décoller du mur de l’écluse contre le vent pour entrer dans l’écluse suivante, ce fut du sport ! A tel point qu’à la septième écluse, nous ne demandions qu’à nous arrêter pour souffler ; mais lorsque nous avons aperçu le port, exposé en grand au vent, nous avons décidé de poursuivre : encore deux écluses doubles !
Bref, 1 petit kilomètre de parcouru, 1 heure et demis écoulée, et un équipage fourbu. La halte au dessus- de Berg a été fort appréciée ! D’autant plus que les ruines d’une abbaye nous attendaient pour une visite, avec une superbe église.
Nous avons ainsi appris qu’après la période viking où le centre du pouvoir suédois se trouvait à Uppsala, au Nord Ouest de Stockholm, c’est dans cette région que nous traversons maintenant que les Puissants du Moyen-âge s’étaient établis. Sur fond de guerres avec les Danois installés dans ce qui est aujourd’hui le Sud de la Suède. C’est pourquoi on trouve toute une série d’églises et d’abbayes des XIII° et XIV° siècles, voire de châteaux plus ou moins forts des XIV° et XV° siècles.
La visite du jour dans l’abbaye de Vreta Kloster nous a enchantés. Peut-être la première abbaye de Suède, du XIII° siècle, ruinée mais très bien mise en valeur, et une église parfaitement conservée dans laquelle venait de se célébrer un mariage.
De plus, la ville de Linköping voisine, fêtait les 100 ans du premier vol d’avion en Suède, et nous avions la chance de voir les avions à l’entraînement : des souvenirs…

Dimanche 13, après une bonne nuit, et par une matinée ensoleillée, nous étions prêts pour la suite de notre voyage. Début facile : deux écluses doubles, mais avec un vent de 10 nœuds, ce fut sans problème, et des ponts qui se levaient comme par magie à notre approche. En fait une grande partie des ponts est gérée à distance, et des caméras signalent notre arrivée. Lorsque les choses se présentent bien : un autre bateau est juste devant nous ou un bateau arrive en même temps en sens inverse, et que la personne en charge de gérer plusieurs ponts n’est pas occupée par ailleurs, cela peut être très rapide ! Enfin, une écluse qui n’a pour objet que d’adapter la hauteur d’eau entre le canal et le lac : dénivelé de 20 centimètre, et manœuvre de l’écluse « à la main » : nous sommes invités à participer à la manœuvre.
Au fait, que font un dimanche matin les habitants du coin qui ne sont pas allés à la présentation aérienne de Linköping ? Un concours de pêche dans le canal ! Nous avons bien passé les cent premiers pêcheurs sans problème, en serrant de près la berge opposée, mais le dernier ne nous avait pas vus… nous avons emmené dans notre safran un bout de ligne (clac, clac, disait le plomb contre la coque)…
A l’heure de déjeuner, nous passions par le port de Borensberg : arrêt pique-nique, discussion avec un couple de Suédois sur les avions qui continuaient à nous survoler, petite sieste (c’est toujours cela de pris ! Et cela s’avéra nécessaire). Car après la traversée du lac de Boren (au moteur, car nous avions le vent… dans le nez), et le passage d’une deuxième écluse de faible dénivelé (5 cm) manœuvrée manuellement, c’est un escalier de 5 écluses qui nous attendait. Toujours rien de bien difficile, mais toujours impressionnant et … fatiguant ! Daniel au moteur et au winch pour garder la maîtrise du bateau dans le courant créé par l’arrivée d’eau dans l’écluse et Danièle courant d’une écluse à l’autre pour attacher et détacher les amarres, et pousser le bateau pour le décoller des parois.
Halte ce soir-là à Motala, bien pratique. Il s’agit d’une petite ville avec tous les commerces utiles, et les services proposés par le port sont complets. Et ce qui ne gâche rien, le maître du port s’est montré charmant et serviable !
Nota : pour la seconde fois cette année nous avons tenté l’utilisation de la pompe à aspirer la cuve à eaux noires : peu convaincant…
Après Motala, le canal s’interrompt, le temps de la traversée du lac Vättern : immense lac, tout en longueur, avec des profondeurs dépassant les 120 m. Nous avions décidé de longue date de ne pas effectuer la traversée au plus court, car sur la rive Sud Est est établie la ville de Vadstena que nous ne voulions pas manquer. C’est bien sûr au moteur et face au vent que nous avons effectué la « traversée » de 9 nautiques. Un peu inquiets quant à la profondeur du port qui est établi dans les douves d’un château et dans le canal qui les alimentent, nous tentons de joindre par téléphone le maître du port : sa « maîtrise » de l’anglais ne nous a pas permis de nous rassurer. Mais il nous attendait au pied du château, et nous a désigné une place tout à fait confortable, à 30 mètres des douves qui manquaient un peu de profondeur pour les quilles de PikouRous.
Lundi 14 juin, nous nous sommes donc endormis à l’ombre du château de Vadstena… Difficile de traduire notre plaisir ! La visite du château, très bien rénové nous a beaucoup plu. Construit à partir de 1545 comme une place forte pour s’opposer aux Danois, mais transformé quelques années plus tard pour devenir un palais, il est impressionnant !
En fait, c’est le roi Gustave Vasa, considéré comme le plus grand des rois suédois qui en a décidé la construction après avoir annexé tous les biens de l’Eglise, qui de catholique romaine est devenu protestante et nationale, dépendant de lui (comme en Angleterre). Car Vadstena était avant tout une abbaye fondée au XV° siècle par Sainte Birgitta. Cette dernière est la seule sainte suédoise canonisée par le pape. Elle a une grande renommée en Suède, et son abbaye, et en particulier l’église qui contient ses reliques, font encore l’objet de pèlerinages. Ce fut l’objet de notre visite mardi matin. De plus la ville a conservé le dessin de ses rues au Moyen-âge, et de nombreuses maisons des XVIII° et XIX° siècles sont bâties sur les fondations de cette période. C’est aussi une ville moderne : nous y avons même trouvé un stick mémoire de 32 Go, car mon ordinateur commençait à se trouver à l’étroit…

Comblés, nous sommes repartis mardi après-midi vers l’autre rive du lac Vättern et la suite du canal. Nous avons tenté la voile… mais le vent nous a bientôt laissé tomber. Nous avons passé le pont de Karlsborg et avons poursuivi vers un endroit plus calme : Forsvik. Un petit ponton au milieu de nulle part… apparemment. En fait, le canal a été creusé tout à côté d’une très ancienne usine (créée en 1410, et continuant à fonctionner, très partiellement) utilisant la puissance de l’eau pour scier le bois, pour fondre des métaux ou moudre du grain tour à tour dans le temps.
Une partie des bâtiments est aussi utilisée par une association qui bâtit une réplique du premier steamer à roues à aubes qui ait été conçu pour naviguer sur le canal (l’original, qui a coulé dans le lac Vättern a fait l’objet de fouilles). Il devrait emporter des passagers dès 2011…

Ce matin, mercredi 16 juin, et après la visite de l’usine, nous nous présentions à la dernière écluse montante du canal, juste à la sortie de notre mouillage. C’est la partie qui a demandé le plus d’effort lors de la construction du canal, creusée à la dynamite dans le granit : autant dire que cette partie du canal est particulièrement étroite. Des « meeting points » sont indiqués, car deux bateaux ne s’y croiseraient pas. Quand à l’écluse, ses parois sont en granit cru et mal équarri : s’en sortir sans abîmer le bateau s’est révélé particulièrement difficile ! Mais cette partie du chenal est magnifique, sauvage, tortueuse. Et comme l’été semble s’être installé… Nous traversons ensuite un lac, le lac Viken, donc perchés à 92 mètres d’altitude. Le lac est aussi magnifique et présente de nombreux hauts-fonds. Pour passer les endroits difficiles, les constructeurs du chenal ont même dû construire sur le lac des chemins de halage : étrange impression ! En tout cas, les dangers sont nombreux, mais le cheminement bien signalé. Sur la rive, nous assistons à un lâché de parachutistes…
Nous avons finalement rejoint le canal à Tåtorp, à travers une écluse manuelle (faible dénivelé), notre première écluse descendante : nous naviguons maintenant à 91,5 m d’altitude « seulement » ! L’endroit nous semblait un peu trop habité : nous avons poursuivi sur 3 miles pour arriver au ponton de Jonsboda, réellement perdu au milieu de nulle part ou au milieu des fermes et des prairies. Une petite déception, le sauna référencé sur le canal n’est pas encore ouvert…
J’ai donc le temps de mettre à jour le blog !

Au bilan, depuis notre entrée dans le canal, nous avons donc parcouru 100 miles nautiques, «escaladé» 38 écluses, et passé presqu’autant de ponts. Des ponts tournants, basculants ou rétractables, routier ou ferroviaires. Le canal s’est même transformé à deux reprises en aqueduc pour passé sur des routes ! Nous avons traversé toutes sortes de paysages, campagnards, fermiers, des bois de feuillus ou de résineux, des plaines ou des collines, des villes, des villages et des coins déserts : nous ne saurions trop recommander cette ballade !
Nous espérons que la descente vers Göteborg et la Mer du Nord sera aussi variée !




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4 commentaires:

  1. Alain BENEDICTUS17 juin 2010 à 12:41

    Comme quoi, quand on écluse, c'est pas forcément au bistrot! :-))

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  2. Alain BENEDICTUS17 juin 2010 à 19:42

    je suis votre parcours sur google map. Si j'ai bien compris vous allez de nouveau emprunter le canal pour aboutir sur un lac immemse qui à l'air d'être pratiquement une mer intérieure.
    Ici il pleut, y a des inondations dans le vaucluse qui ont fait 25 morts, la france va perdre son match de coupe du monde contre le mexique, sarko vient de faire passer l'age légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour ceux qui veulent partir à taux plein. Bref c'est la m...e! :-)) Avec tout ça vous avez bien raison d'en profiter et vous êtes vraiment partis à la retraite au bon moment! Quel beau voyage! Allez Danielle fait nous encore réver avec ton chouette journal de bord!

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  3. Alain BENEDICTUS18 juin 2010 à 12:00

    Les inondations c'est pas dans le vaucluse, c'est dans le var. Les 7 écluses sont vraiment impressionnantes et avec le vent de travers je comprend pourquoi c'était pas évident. On comprend aussi l'utilité des plaques de bois. Mais est-ce que ça veut dire que dans le canal vous naviguez en permanence avec les pares-battage sortis? Ou sont fixées les plaques de bois? Sur les pares-battages? Les haubans?

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  4. On navigue effectivement comme une péniche avec tous les parres-battage dehors et les plaques de bois. Ils sont fixés sur les filières du bateau. Les plaques de bois sont bien utiles pour éviter les aspérités des murs des écluses et protéger un peu les parres-battages. Après 51 écluses, il faut que je change les cordages de fixation des planches (2 torons sur 3 sont cassés...mangés par les murs des écluses).
    On est maintenant sur le lac Vänern qui est très grand. Il nous faudra 2 jour pour aller chercher le "Trollhättan Kanal" qui est 60 Nm au sud... C'est une véritable mer intérieure.
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