lundi 28 juin 2010

Göteborg et Midsommar

De Göteborg, nous ne ramènerons qu’une idée superficielle : comme notre visite de Karlskrona l’an dernier nous l’avait déjà appris, le week-end où les Suédois fêtent Midsommar les villes sont vides ! Donc pour nous, Göteborg, c’est :
  • une ville recréée au milieu du XVII° siècle, et dessinée par un Hollandais sur un marécage,
  • alors très protégée pour cause de combats incessants avec les Danois et les Norvégiens, autour de canaux dont certains demeurent. Mais le passé s’y fait très discret,
  • une ville toute tournée vers la mer, la pêche et les chantiers navals et le commerce avec l’Europe sur laquelle elle ouvre la Suède,
  • une ville cosmopolite, plutôt internationale que suédoise, et très vivante (mais pas à Midsommar).
Parce ce que Midsommar monopolise l’ensemble du pays : les magasins ferment en début d’après-midi vendredi et restent fermés samedi et dimanche sauf quelques grands magasins d’alimentation. Nous voulions voir le seul bateau viking conservé en Suède, mais le musée qui l’accueille était fermé samedi… Le port au centre ville où nous nous sommes amarrés, Lilla Bommen était pratiquement vide : des bateaux étrangers et 4 ou 5 bateaux suédois !
Nota : cela nous a permis de voir flotter le drapeau français sur le port ! C’est rare et cela fait plaisir.
La ville était animée jusque vers 18h, mais elle s’est endormie jusqu’au lendemain après-midi, et n’était que l’ombre d’elle-même jusqu’à dimanche midi…
Mais pour nous, Midsommar a été différent cette année puisque grâce à Göran, originaire de la région de Göteborg, et surtout grâce à sa sœur Barbro, nous avons participé à une fête de village traditionnelle. Barbro habite un petit village à environ 40 km au Sud de Göteborg, Åsa. Il s’agissait d’une communauté essentiellement agricole il y a encore 50 ans. Petit à petit des maisons d’été s’y sont construites : il faut dire que le cadre est magnifique, en bord de mer, entre rochers et verdure, exposé au soleil et plein de fleurs. Le nombre des résidences secondaires a peu à peu augmenté, et la communauté s’est élargie.
Après la deuxième guerre mondiale, les habitants se sont constitués en association pour organiser la fête de Midsommar, qui correspond à notre fête de la Saint-Jean, mais avec un retentissement tout autre dans un pays où l’hiver est long !
Depuis, chaque année, le vendredi matin qui suit le 21 juin, les habitants se rassemblent pour orner le « Midsummer pole » de verdure et de fleurs. Le mât est ensuite dressé, et si vous y voyez un symbole païen, vous avez raison ! Les enfants ramassent 7 fleurs différentes pour les offrir à leur mère, et l’on prépare des couronnes de fleurs.
Nota : Dans ce même village, on fête Midsommar sur plusieurs autres sites : la fête reste de dimension « familiale ».
Pour le déjeuner, chacun s’en retourne à la maison, mais le menu est le même pour tous : hareng assaisonné de multiples façons, éventuellement des crevettes fraîches, pommes de terre nouvelles à l’eau, pain « dur », bière et schnaps, et des fraises suédoises.
Pour nous, repas succulent sur la terrasse de la maison (superbe) surplombant la mer, à l’ombre des parasols…
Nouveau rassemblement sur la plage en milieu d’après-midi, pour se rendre en cortège sur le champ où est dressé le mât. Là, quelques adultes avec instruments de musique et micros organisent les chants et les danses. Il s’agit de chants traditionnels, dont les paroles (quand elles nous ont été traduites !) rappellent nos chansons : les travaux de la semaine, que l’on mime en dansant autour du mât, toutes générations confondues… Une chanson a même pour thème des crapauds, qui n’ont ni queue, ni oreilles (queue et oreilles à mimer) sur le thème d’une chanson de soldats française. Je vous laisse deviner qui sont les crapauds…
Une petite kermesse s’en suit, et chacun termine la fête à la maison.
En fait Midsommar prend des formes différentes selon les régions et la communauté qui le fête. Sur la côte Est, et à Åland, les mâts sont plus ornés de sujets en papier crépon que de fleurs ; et certaines fêtent peuvent être très arrosées…



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jeudi 24 juin 2010

Le Trollhätte Kanal

Le Trollhätte Kanal constitue la dernière partie de la traversée de la Suède d’Est en Ouest. Il comprend en fait un canal construit par l’homme d’une longueur de 10 km et l’aval de la rivière Göta (Göta Älv), sur 72 km. Il est donc plus intéressant de franchir le canal d’Est en Ouest, car nous profitons du courant de la rivière, que nous avons mesuré en moyenne à 1 nœud.
Le nom de Trollhätte, le chapeau de l’ogre, vient sans doute du fait que le mont qui porte ce nom ferme le lac Vänern et le maintient à 50 mètres d’altitude. La rivière Göta permet au surplus d’eau de s’écouler via Göteborg dans la Mer du Nord. Sur un territoire relativement plat, le dénivelé d’environ 35 m à Trollhättan, la ville qui se situe peu après la jonction entre le canal et la rivière, est très important. Une chute d’eau renommée s’y formait. Des moulins en ont utilisé l’énergie depuis plusieurs siècles, et la première et plus importante centrale électrique suédoise a été bâtie ici au début du XX° siècle, canalisant la chute d’eau (les chutes d’eau ne sont visibles qu’un jour par semaine en juin, une fois par jour en juillet et août).
Le besoin de relier le lac Vänern à la Mer du Nord par une vois navigable s’est fait sentir très tôt. La construction d’un système d’écluses a été entreprise dès 1742. Mais la technologie de l’époque ne permettait pas de résister aux fortes pressions créées par le dénivelé. Un premier système a fonctionné dès 1800, mais avec des écluses très étroites, qui sont devenues obsolètes lors de l’ouverture du Göta Kanal. Un deuxième système a donc était inauguré en 1844, avec des écluses du même type que celles du Göta Kanal. Mais alors que l’utilisation commerciale du Göta Kanal a rapidement été interrompue, il s’est avéré qu’il était nécessaire de permettre à de plus gros bateaux d’emprunter le Trollhätte Kanal. Un troisième système d’écluses y a donc été ouvert en 1916.
L’ensemble du canal comprend aujourd’hui 6 écluses : une près de son entrée et du lac Vänern, 4 écluses juste au Sud de la ville de Trollhättan, et une écluse une quinzaine de nautiques plus au Sud. Le canal est d’abord destiné aux cargos (transportant essentiellement du bois et/ou du papier ou du pétrole), et toute l’infrastructure leur est dédiée. Plus de 1200 cargos l’empruntent chaque année, et ils sont bien entendu prioritaires lors des éclusages. Ceci entraîne une grande différence avec le Göta Kanal qui est au service des plaisanciers.
Mardi 22 juin en arrivant à l’entrée du Trollhätte Kanal en début d’après-midi, nous étions donc un peu anxieux ! L’entrée nous a parue immense après le Göta Kanal, le temps gris vaguement humide, le vent et le caractère plutôt industriel de l’endroit pas franchement accueillants. Le premier pont était fermé : un contact par radio VHF nous a informés d’une attente de plusieurs minutes. Le vent était assez fort, et nous avons tenté de nous amarrer à un « ponton » pour cargo, puisqu’il n’y en avait pas à notre dimension. Impossible : tout était à une autre échelle, et le vent aidant nous avons renoncé. Heureusement, le délai annoncé a été respecté, et après quelques tours au moteur, nous avons pu traverser. Encore deux ponts routiers passés sans trop de difficulté, et nous rejoignons la rivière Göta. Elle assez large, ouverte au vent, que nous prenons de face à 15 nœuds... A notre arrivée, la première écluse étant fermée, nous avons été rassurés de trouver un ponton à notre échelle pour nous amarrer. D’autant que nous y avons retrouvé notre équipage allemand, tout aussi inquiet que nous. Mais à deux, tout est plus facile. Nous avons tenté de joindre les opérateurs via la radio VHF : pas de réponse. Nous sommes allés à pied à l’écluse nous renseigner : au pied d’une tour de contrôle, un grillage fermé… L’écluse nous a paru immense (90 m sur 14 m) après celles du Göta Kanal. Et après un certain temps, nous avons vu arriver notre premier cargo. Plus de question de priorité : le bateau remplit l’écluse, nous sommes tout-à-fait d’accord pour la lui laisser tout entière ! L’éclusage a bien duré 20 minutes, et nous a permis de prendre des photos et de bien observer l’écluse remplie et vide… Quand notre tour est venu, nous avons été rapidement rassurés : si le système est fonctionnel et un peu froid, la manœuvre est facile. Ou facile à partir du moment où l’on a réussi à amarrer le bateau, car les systèmes d’attache sont faits pour les cargos, et ce qui pourrait nous servir est le plus souvent sous la surface de l’eau lorsque l’écluse est remplie. Mais ça se fait, et finalement les éclusiers sont plutôt patients. Ensuite, le niveau de l’eau diminue sans aucune secousse, tout en douceur, et il suffit de laisser glisser l’amarre (si elle est suffisamment longue car le dénivelé peut dépasser les 7 ou 10 mètres) : facile !
Encore un pont ferroviaire, et nous arrivions en haut de la ville de Trollhättan, où est situé un petit port de plaisance, Spikön : nous avions bien rempli notre journée, et nous y sommes arrêtés, de concert avec « notre » bateau allemand. L’endroit n’a rien de particulièrement attractif, et la ville en elle-même non plus, mais Birgitta et Göran nous ont rejoints à bord pour quelques jours, et la soirée a été fort occupée.
Notre départ du lendemain n’est donc pas particulièrement matinal. Mais notre programme de navigation consiste essentiellement à passer les 4 écluses de la ville… Et il faut beau temps ! Lorsque nous nous présentons à la première écluse, nous apprenons qu’un cargo est annoncé en bas de la quatrième : il est prioritaire. Nous avons donc le temps d’amarrer le bateau et de commencer une promenade aux alentours, puis d’assister au 4° éclusage du cargo : encore plus impressionnant que celui de la veille. Celui-ci est rouge, et nous faisons remarquer au pilote que notre bateau l’est aussi. Une conversation s’engage, qui nous permet d’apprendre qu’il va chercher des grumes et du papier pour les îles Canaries, qu’il s’agit d’un chemin qu’il fait très régulièrement, et que les dimensions du bateau ont été fixées en fonction de celles des écluses du Trollhätte Kanal.
Deux heures après notre départ, nous avions donc bien fait 500 mètres ! Et grosse déception, à peine le cargo sorti du l’écluse, les portes se refermaient… Appel VHF : les remous sont tels après la sortie du cargo qu’il faut attendre 5 bonnes minutes avant que les bateaux de plaisance puissent y entrer… C’est enfin notre tour. Nous sommes seuls dans cette écluse, un peu perdus et le serons dans les trois suivantes : 12000 m3 d’eau manipulés pour nous (mais le tarif du canal est à la hauteur). Les 3 écluses du bas sont construites en escalier, enserrées entre deux pans de montagne dans lesquelles elles ont été ouvertes à la dynamite : le site est encore plus impressionnant, mais la manœuvre toujours aussi facile… dès qu’on est amarré !
A 15 heures nous nous amarrions juste en bas des écluses, dans un endroit idyllique : vert, ensoleillé, calme… Et fort intéressant d’un point de vue historique, géologique et technologique. Toutes les tentatives d’écluses ou anciennes écluses y sont visibles, des sentiers permettent de visiter le site, ses beautés naturelles, la trace des anciens moulins, la centrale électrique propose des visites guidées (nous sommes arrivés quelques minutes trop tard…), il y a des explications partout, et en anglais, bref, c’est magnifique et extrêmement bien mis en valeur.
Et, de plus, nous avons rencontré de nouveau le couple de Suédois qui nous avait accueillis à Spiken, et qui était toujours intéressé par notre bateau. Nous avons même profité de leur barbecue ! Donc une excellente après-midi, une superbe soirée ensoleillée, pour un départ de bon matin jeudi !
Aujourd’hui, nous avons atteint la fin du canal, et nous sommes amarrés dans le port de Göteborg. Nous avons passé la dernière écluse sans problème. Les paysages qui étaient magnifiques au Sud de Trollhättan, se sont aplatis, mais sont restés verdoyants. Puis la rivière s’est élargie, et en approchant de Göteborg, les rives sont devenues peu à peu plus industrialisées. Mais globalement, nous n’avons pas trouvé que le Trollhätte Kanal était si laid !



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mardi 22 juin 2010

Navigation sur le lac Vänern

Nous naviguons toujours à 50 mètres d’altitude, sur le lac Vänern. La princesse héritière est mariée, il fait grand beau temps et les vacances scolaires ont commencé : il y a nettement plus de monde sur le plan d’eau.
Dimanche matin c’est donc déçus que nous quittons Mariestad. Mais côté navigation, cela se passe mieux. Le lac Vänern est peu profond dans sa partie Sud-Est, soit entre les deux canaux ; il y présente de nombreux hauts-fonds mais aussi des archipels, et nous cheminons donc très souvent dans des chenaux, souvent même étroits. La remontée des sols accentue le processus, et certains ports, comme Mariestad ne sont plus accessibles que grâce à un chenal dragué. Mais lorsque le vent est portant, cela permet de se promener dans un paysage varié et vivant. Notre navigation de dimanche nous a ainsi emmenés à bonne vitesse sur un lac un peu agité à Läckö, au pied d’un château bâti sur un petit éperon loin de tout (c’est que nous avons pris goût à la vie de château !). A peine amarrés, une relecture de la documentation appelle notre attention sur le fait que la seule visite quotidienne commentée en anglais a lieu à 15h30. Il est 15h20… Nous laissons tout en plan, et nous avons bien fait ! Le château est en effet impressionnant de l’extérieur, mais de plus superbe à l’intérieur. Une place forte avait été construite là au XIII° siècle par l’Eglise, et comme pour Vadstena lorsque le roi Gustav Vasa s’est approprié les biens de l’Eglise, il a été agrandi et aménagé en palais par un de ses fidèles serviteurs, Magnus Gabriel de la Gardie au XVII° siècle. Les aménagements de cette époque de style baroque sont encore largement visibles : boiseries, peintures murales et de plafond. Il reste même quelques peintures murales antérieures.
Côté vie sociale, nous retrouvons notre équipage allemand, et admirons avec lui le soleil couchant un verre à la main. Elle n’est pas belle la vie ?
Nous sommes tellement bien à Läckö que nous hésitons à nous en éloigner. Aussi décidons-nous d’une halte dans un village de pêcheurs, Spiken, à 2 nautiques à peine. Le déplacement se fait au moteur car nous empruntons un chenal quelque peu étroit et le vent n’est pas favorable… La navigation demande beaucoup d’attention, mais le paysage vaut le coup ! L’entrée dans le port est comme dirait Daniel « tricky », le chenal est dragué, et il est plutôt étroit. Nous sommes accueillis au port par des « connaissances » suédoises rencontrées sur le Göta Kanal : nous sommes comme chez nous. Spiken est un vrai village de pêcheurs ! Authentique et vivant, un plaisir. Et le poisson, local et fumé à froid (plus gras) ou à chaud, est vendu dans des petites échoppes : nous faisons notre provision de poisson fumé à chaud. Nous partons à la recherche de l’épicerie locale, nous passons devant sans la voir (elle est plutôt discrète) mais c’est tant mieux : quelques centaines de mètres plus loin nous avons la chance de voir une mère chevreuil et son petit traverser la route !
Déjeuner de poisson (nous nous régalons), petite sieste, et nous voilà repartis pour profiter du vent.
Euh ? Du vent ? Il nous a abandonné rapidement. Certes, au début, c’était plutôt sympa car nous cheminions dans un étroit chenal à 1 noeud sous voile, avec beaucoup à regarder, sous le soleil et dans une parfaite quiétude. Mais lorsque la fin du chenal s’est approchée, l’idée de naviguer au moteur pendant 4 heures ne nous plaisait pas autant ! Nous avons bien cherché un mouillage forain à Naven, mais sans guide de navigation et avec des cartes qui signalent uniquement que la profondeur est inférieure à 3 mètres, nous n’avons pas osé. Vive les guides de navigation ; il va falloir que nous en trouvions un, même en suédois si nous voulons profiter de la côte Ouest de la Suède…
Nous avons donc effectué notre traversée au moteur et sommes arrivés sur la côte Sud-Ouest du lac Vänern vers 19 heures, au petit port de Dalbergså. Juste une petite baie aménagée pour les campeurs et les bateaux de plaisance, très protégée par la végétation : un grand calme (et une odeur de vache quand le vent tournera au moment du dessert). Le port n’offre que quelques places aux bateaux de passage, et il est peuplé ! Nous demandons au skipper d’un petit voilier suédois que nous avons rencontré à Läckö de nous permettre de nous amarrer à couple : affaire conclue, agrémentée par des explications sur le canal qui nous attend et la côte Sud de la Norvège que ce navigateur endurci connaît bien (autour d’une bière !).
Un sentier nous emmène à travers bois admirer les dessins de bateaux et d’élans gravés par les hommes de l’âge de pierre. Et après tout cela, une bonne nuit !
Aujourd’hui, mercredi 22 juin, nous avons quitté Dalbergså tôt, de façon à avoir le temps de gérer notre entrée dans le Trollhättan Kanal. La navigation a été superbe : un vent dans le nez, mais qui nous permis d’atteindre 7 nœuds avec un ris et de rejoindre l’entrée du chenal qui conduit au canal dans d’excellentes conditions et sous le soleil ! Pour épicer le voyage, nous avons perdu pendant quelques minutes notre système de navigation : une « amélioration » logicielle du système que nous avions chargée la veille a induit un dysfonctionnement. Heureusement la hot-line fonctionne bien, et cela nous a permis de vérifier que le téléphone par satellite fonctionnait bien.
A nous le Trollhättan Kanal !




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samedi 19 juin 2010

Toboggan sur le Göta Kanal

La traversée de la Suède s’effectue à travers deux canaux qui relient des lacs. D’Est en Ouest, nous avons emprunté le Göta Kanal qui nous a en particulier fait traverser le lac Vättern, et nous a emmenés à Sjötorp sur la rive Est du lac Vänern. Nous pouvons naviguer autant que nous le voulons sur le lac Vänern, le plus grand lac de Suède, qui possède ses propres archipels. Mais il nous faudra rejoindre sa rive Sud-Ouest pour rejoindre le Trollhättan Kanal qui nous mènera en une grande journée de navigation à Göteborg sur la côte Ouest de la Suède. Pour nous situer sur une carte suédoise, c’est facile : le lac Vänern est une grande tache bleue au Sud-ouest !
Donc Jeudi 17 juin a été une grande journée, qui nous vu dégringoler de 91 m d’altitude à 45 m en 19 écluses : record battu ! Il faut dire que la manœuvre de descente est nettement plus simple. Il suffit de laisser les filer les amarres de façon à ne pas toucher les bateaux voisins, tout en évitant de… rester pendu lorsque l’eau descend. Le courant se forme de l’autre côté de la porte de l’écluse : tout est calme et sérénité dans l’écluse ! Cette descente, nous l’avons effectuée pratiquement de concert avec 4 autres bateaux : un allemand, que nous avions déjà rencontré à l’entrée du canal, un danois que nous avions croisé à plusieurs reprises et un suédois, qui n’était pas le plus sympathique. Ces rencontres régulières et les occasions de s’entraider favorisent les contacts et les discussions : ça rigole bien dans les écluses descendantes (sauf cet équipage suédois) ! Le paysage est toujours aussi varié, et le nombre de ponts important : au cours de cette même journée nous avons traversé la ligne ferroviaire la plus empruntée de Suède (mise hors circuit des catainers impressionnante) et laissé passer le plus petit bateau ferry imaginable, adapté à la largeur du canal…
Bien sûr, arrivés à Sjötorp nous devions fêter notre traversée du Göta Kanal : c’est avec l’équipage allemand que nous l’avons fait !
Vendredi était nécessaire pour se reposer et remettre en état le bateau . lavage des parres-battages et de la coque, réparations des petites égratignures : nous espérions faire de la voile samedi sur le lac Vänern, d’autant que le vent soufflait bien, quelquefois un peu fort sous les grains.
Espoir déçu : samedi s’est levé dans un calme plat et sous un ciel crachotant. Nous nous sommes donc rendus au moteur à Mariestad, à 10 nautiques au Sud. D’ailleurs, le lac semble s’étaler, mais les fonds, au moins dans cette partie, sont peu profonds : la navigation rappelle celle que l’on adopte sur le canal. Mariestad est une petite ville, avec des maisons des XVIII° et XIX° siècles, complètement… déserte. Le syndicat d’initiative est fermé le week-end, le bureau du port ferme alors à 14 heures, les magasins sont fermés (en tout cas à 15 heures, lorsque nous y sommes allés), et pas un mouvement. Peut-être le mariage ce jour de la princesse héritière Victoria peut en être l’explication : tout le monde est devant son poste de télévision ? Impressionnant, et cela nous a rappelé l’état de la ville de Karlskrona l’an dernier lors des fêtes de Midsummer…
De retour au bateau, nous nous sommes aussi connectés à la télé suédoise pour « voir » le mariage, car pour les commentaires…



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mercredi 16 juin 2010

PikouRous navigue à 92 m d’altitude !

Göran nous avait dit, le Göta Kanal c’est une navigation tranquille, même pas besoin de s’inquiéter de la météo, du vent… Mon œil ! Comme partout, près de 40 nœuds de vent (70 km), cela vous change le caractère d’une navigation. Car c’est la tempête qui s’est levée pendant la nuit du vendredi 11 au samedi 12 juin… Non seulement notre nuit a été plus qu’agitée, mais au matin, nous étions toujours au pied d’un escalier de 7 écluses : quand faut y aller, faut y aller ! Et nous y sommes allés… Du côté des éclusiers, un peu de retard : il y avait trop d’eau dans l’escalier. A 10 heures, c’était parti en compagnie de 2 autres bateaux, dont un bateau allemand qui s'initie aussi à la manœuvre. Il est surveillé de près par les éclusiers, toujours prêts à porter main forte, et cela nous donne un peu plus de temps ! Mais placer correctement le bateau dans chaque écluse avec un vent de travers à décorner les bœufs, puis le faire monter et le décoller du mur de l’écluse contre le vent pour entrer dans l’écluse suivante, ce fut du sport ! A tel point qu’à la septième écluse, nous ne demandions qu’à nous arrêter pour souffler ; mais lorsque nous avons aperçu le port, exposé en grand au vent, nous avons décidé de poursuivre : encore deux écluses doubles !
Bref, 1 petit kilomètre de parcouru, 1 heure et demis écoulée, et un équipage fourbu. La halte au dessus- de Berg a été fort appréciée ! D’autant plus que les ruines d’une abbaye nous attendaient pour une visite, avec une superbe église.
Nous avons ainsi appris qu’après la période viking où le centre du pouvoir suédois se trouvait à Uppsala, au Nord Ouest de Stockholm, c’est dans cette région que nous traversons maintenant que les Puissants du Moyen-âge s’étaient établis. Sur fond de guerres avec les Danois installés dans ce qui est aujourd’hui le Sud de la Suède. C’est pourquoi on trouve toute une série d’églises et d’abbayes des XIII° et XIV° siècles, voire de châteaux plus ou moins forts des XIV° et XV° siècles.
La visite du jour dans l’abbaye de Vreta Kloster nous a enchantés. Peut-être la première abbaye de Suède, du XIII° siècle, ruinée mais très bien mise en valeur, et une église parfaitement conservée dans laquelle venait de se célébrer un mariage.
De plus, la ville de Linköping voisine, fêtait les 100 ans du premier vol d’avion en Suède, et nous avions la chance de voir les avions à l’entraînement : des souvenirs…

Dimanche 13, après une bonne nuit, et par une matinée ensoleillée, nous étions prêts pour la suite de notre voyage. Début facile : deux écluses doubles, mais avec un vent de 10 nœuds, ce fut sans problème, et des ponts qui se levaient comme par magie à notre approche. En fait une grande partie des ponts est gérée à distance, et des caméras signalent notre arrivée. Lorsque les choses se présentent bien : un autre bateau est juste devant nous ou un bateau arrive en même temps en sens inverse, et que la personne en charge de gérer plusieurs ponts n’est pas occupée par ailleurs, cela peut être très rapide ! Enfin, une écluse qui n’a pour objet que d’adapter la hauteur d’eau entre le canal et le lac : dénivelé de 20 centimètre, et manœuvre de l’écluse « à la main » : nous sommes invités à participer à la manœuvre.
Au fait, que font un dimanche matin les habitants du coin qui ne sont pas allés à la présentation aérienne de Linköping ? Un concours de pêche dans le canal ! Nous avons bien passé les cent premiers pêcheurs sans problème, en serrant de près la berge opposée, mais le dernier ne nous avait pas vus… nous avons emmené dans notre safran un bout de ligne (clac, clac, disait le plomb contre la coque)…
A l’heure de déjeuner, nous passions par le port de Borensberg : arrêt pique-nique, discussion avec un couple de Suédois sur les avions qui continuaient à nous survoler, petite sieste (c’est toujours cela de pris ! Et cela s’avéra nécessaire). Car après la traversée du lac de Boren (au moteur, car nous avions le vent… dans le nez), et le passage d’une deuxième écluse de faible dénivelé (5 cm) manœuvrée manuellement, c’est un escalier de 5 écluses qui nous attendait. Toujours rien de bien difficile, mais toujours impressionnant et … fatiguant ! Daniel au moteur et au winch pour garder la maîtrise du bateau dans le courant créé par l’arrivée d’eau dans l’écluse et Danièle courant d’une écluse à l’autre pour attacher et détacher les amarres, et pousser le bateau pour le décoller des parois.
Halte ce soir-là à Motala, bien pratique. Il s’agit d’une petite ville avec tous les commerces utiles, et les services proposés par le port sont complets. Et ce qui ne gâche rien, le maître du port s’est montré charmant et serviable !
Nota : pour la seconde fois cette année nous avons tenté l’utilisation de la pompe à aspirer la cuve à eaux noires : peu convaincant…
Après Motala, le canal s’interrompt, le temps de la traversée du lac Vättern : immense lac, tout en longueur, avec des profondeurs dépassant les 120 m. Nous avions décidé de longue date de ne pas effectuer la traversée au plus court, car sur la rive Sud Est est établie la ville de Vadstena que nous ne voulions pas manquer. C’est bien sûr au moteur et face au vent que nous avons effectué la « traversée » de 9 nautiques. Un peu inquiets quant à la profondeur du port qui est établi dans les douves d’un château et dans le canal qui les alimentent, nous tentons de joindre par téléphone le maître du port : sa « maîtrise » de l’anglais ne nous a pas permis de nous rassurer. Mais il nous attendait au pied du château, et nous a désigné une place tout à fait confortable, à 30 mètres des douves qui manquaient un peu de profondeur pour les quilles de PikouRous.
Lundi 14 juin, nous nous sommes donc endormis à l’ombre du château de Vadstena… Difficile de traduire notre plaisir ! La visite du château, très bien rénové nous a beaucoup plu. Construit à partir de 1545 comme une place forte pour s’opposer aux Danois, mais transformé quelques années plus tard pour devenir un palais, il est impressionnant !
En fait, c’est le roi Gustave Vasa, considéré comme le plus grand des rois suédois qui en a décidé la construction après avoir annexé tous les biens de l’Eglise, qui de catholique romaine est devenu protestante et nationale, dépendant de lui (comme en Angleterre). Car Vadstena était avant tout une abbaye fondée au XV° siècle par Sainte Birgitta. Cette dernière est la seule sainte suédoise canonisée par le pape. Elle a une grande renommée en Suède, et son abbaye, et en particulier l’église qui contient ses reliques, font encore l’objet de pèlerinages. Ce fut l’objet de notre visite mardi matin. De plus la ville a conservé le dessin de ses rues au Moyen-âge, et de nombreuses maisons des XVIII° et XIX° siècles sont bâties sur les fondations de cette période. C’est aussi une ville moderne : nous y avons même trouvé un stick mémoire de 32 Go, car mon ordinateur commençait à se trouver à l’étroit…

Comblés, nous sommes repartis mardi après-midi vers l’autre rive du lac Vättern et la suite du canal. Nous avons tenté la voile… mais le vent nous a bientôt laissé tomber. Nous avons passé le pont de Karlsborg et avons poursuivi vers un endroit plus calme : Forsvik. Un petit ponton au milieu de nulle part… apparemment. En fait, le canal a été creusé tout à côté d’une très ancienne usine (créée en 1410, et continuant à fonctionner, très partiellement) utilisant la puissance de l’eau pour scier le bois, pour fondre des métaux ou moudre du grain tour à tour dans le temps.
Une partie des bâtiments est aussi utilisée par une association qui bâtit une réplique du premier steamer à roues à aubes qui ait été conçu pour naviguer sur le canal (l’original, qui a coulé dans le lac Vättern a fait l’objet de fouilles). Il devrait emporter des passagers dès 2011…

Ce matin, mercredi 16 juin, et après la visite de l’usine, nous nous présentions à la dernière écluse montante du canal, juste à la sortie de notre mouillage. C’est la partie qui a demandé le plus d’effort lors de la construction du canal, creusée à la dynamite dans le granit : autant dire que cette partie du canal est particulièrement étroite. Des « meeting points » sont indiqués, car deux bateaux ne s’y croiseraient pas. Quand à l’écluse, ses parois sont en granit cru et mal équarri : s’en sortir sans abîmer le bateau s’est révélé particulièrement difficile ! Mais cette partie du chenal est magnifique, sauvage, tortueuse. Et comme l’été semble s’être installé… Nous traversons ensuite un lac, le lac Viken, donc perchés à 92 mètres d’altitude. Le lac est aussi magnifique et présente de nombreux hauts-fonds. Pour passer les endroits difficiles, les constructeurs du chenal ont même dû construire sur le lac des chemins de halage : étrange impression ! En tout cas, les dangers sont nombreux, mais le cheminement bien signalé. Sur la rive, nous assistons à un lâché de parachutistes…
Nous avons finalement rejoint le canal à Tåtorp, à travers une écluse manuelle (faible dénivelé), notre première écluse descendante : nous naviguons maintenant à 91,5 m d’altitude « seulement » ! L’endroit nous semblait un peu trop habité : nous avons poursuivi sur 3 miles pour arriver au ponton de Jonsboda, réellement perdu au milieu de nulle part ou au milieu des fermes et des prairies. Une petite déception, le sauna référencé sur le canal n’est pas encore ouvert…
J’ai donc le temps de mettre à jour le blog !

Au bilan, depuis notre entrée dans le canal, nous avons donc parcouru 100 miles nautiques, «escaladé» 38 écluses, et passé presqu’autant de ponts. Des ponts tournants, basculants ou rétractables, routier ou ferroviaires. Le canal s’est même transformé à deux reprises en aqueduc pour passé sur des routes ! Nous avons traversé toutes sortes de paysages, campagnards, fermiers, des bois de feuillus ou de résineux, des plaines ou des collines, des villes, des villages et des coins déserts : nous ne saurions trop recommander cette ballade !
Nous espérons que la descente vers Göteborg et la Mer du Nord sera aussi variée !




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vendredi 11 juin 2010

Pluie et Göta Kanal

Nous nous sommes levés un peu groggy lundi 7 juin, après nos excès de la nuit. Heureusement l’étape du jour fut rapide et sans histoire : vent portant et suffisant pour nous emmener jusqu’à 9 nœuds ! Nous avons fait escale à Stegeborg, au fond de l’isthme qui conduit à l’entrée du Göta Kanal. C’est une bonne adresse, au pied d’un superbe château en ruine, avec une tour remontant au XIII° siècle. En fait, cette escale a donné le ton des jours qui ont suivi : beaucoup de verdure, beaucoup d’Histoire, et… beaucoup de pluie !
Nous y avons accueilli Göran et Birgitta qui ont passé 3 jours avec nous sur le bateau. Ce n’est pas que la navigation dans le canal soit difficile, mais comme toute chose, elle demande une certaine préparation et un petit apprentissage : autant profiter des connaissances des amis ! Nous avons donc transformé PikouRous en péniche, en garnissant abondamment ses flancs de pare-battage (qui ont pour but de protéger la coque du navire) et de planches de bois pour protéger les pare-battage : les murs des écluses sont rugueux, et le courant peut y être violent. Nous avons aussi ramassé les écoutes de trinquette et de génois. L’ancre est dans la baille à mouillage. La grand-voile est dans son lazy bag au chaud. Nous avons même mis en place un paillasson pour s’essuyer les pieds !
Et nous avons passé une première écluse mardi, un peu anxieux, puis une seconde et une troisième pour atteindre la ville de Söderköping. Après 3 essais, nous avions compris : un « homme » à descendre à terre juste avant l’écluse pour passer les amarres, un « homme » sur le bateau pour manœuvrer jusqu’à l’écluse, puis serrer l’amarre arrière un bonne fois et enrouler au winch l’amarre avant au fur et à mesure de la montée de l’eau dans l’écluse. Rien de bien compliqué, mais une erreur d’inattention et le courant prend le contrôle du bateau. Et il y a jusqu’à 4 bateaux par éclusage, dont les équipages ne sont pas forcément plus expérimentés…
Söderköping a beaucoup à offrir : des services et ravitaillement aux maisons du XV° au XVIII° siècles, aux églises du XIII°. Il s’agit d’une ville qui avait une forte importance pendant le Moyen-Age, car située sur une rivière (Storårn = grande rivière, sur la photo) qui permettait un commerce fructueux autour de la Baltique. Mais comme souvent, l’élévation du terrain a rendu la navigation impossible et un port a été créé au XVI° siècle à 80 km plus au Nord… Nous nous sommes donc offerts une journée de repos et de visite.
Jeudi 10 juin, nous avons poursuivi notre navigation sur le canal. Nous avons découvert qu’en plus des 58 écluses qui jalonnent les 190 km du canal (en fait, cette longueur inclut le canal à proprement parler et quelques lacs), nous devrons passer 50 ponts : certains sont assez hauts pour nous permettre de passer sans encombre, d’autres doivent être manœuvrés.
Le Göta Kanal va nous emmener grosso modo de la Baltique au centre de la Suède, puis nous traverserons l’immense lac Vänern et prendrons un autre canal, leTrollhätte Kanal pour rejoindre Göteborg et la Mer du Nord.
Nous allons monter de 0 m d’altitude à 92 m, et commencerons à redescendre vers l’Ouest alors que nous serons encore sur ce canal. D’où les quelques écluses à passer…
Donc, pour cette deuxième journée sur le canal, 11 écluses et quelques ponts, des paysages champêtres, et une halte au bord d’un ponton au milieu de nulle part. L’ancien chemin de halage permet aux cyclistes, au cavaliers et aux marcheurs de profiter des lieux. Nous rencontrons aussi quelques kayakistes : le Göta Kanal est vraiment un lieu de vacances privilégié. Et il le mérite !
Aujourd’hui vendredi, nous avons laissé nos invités reprendre la route vers Herräng. Puis nous avons traversé une écluse entre un pont routier et un pont de chemin de fer. Il faut bien compter une heure et demie pour l’éclusage des bateaux qui nous précédent, l’ouverture du pont routier et surtout l’ouverture du pont de chemin de fer qui permet une circulation ferroviaire importante (et prioritaire) dans le sens Nord-Sud de la Suède. Mais nous étions prévenus, le temps n’a pas le même sens sur le canal. Nous avançons au gré des évènements : si un bateau de passagers est devant nous, il a priorité et nous attendrons ; si 4 bateaux nous précèdent et remplissent une écluse, nous attendrons qu’ils soient passés, si un équipage est lent à la manœuvre, le trafic sur le canal s’en ressentira, si un bateau de passagers a endommagé une écluse suite à une fausse manœuvre, il se peut que nous attendions une nuit la réparation… Bref, il faut prendre son temps !
Nous avons aussi traversé un « petit » lac : 25 km de large avant d’arriver à l’escalier d’écluses le plus important du canal : 7 écluses l’une au-dessus de l’autre. Nous escaladerons demain cet escalier : les écluses sont fermées pour la nuit.



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lundi 7 juin 2010

Traversée expresse de l’archipel de Stockholm

L’an dernier nous avons musardé, arpenté l’archipel dans tous les sens, à la recherche des plus fabuleux mouillages. Le contraste était grand pour nous cette année, puisque notre objectif était toujours de gagner le Sud… Certes, en nous faisant plaisir ! Le guide de navigation de la région que nous avons bien feuilleté pendant 1 mois l’an dernier, nous a été utile 4 jours ! Et puis, tout est plus facile une seconde fois, nous avions nos points de repères cette année et nous nous sentions "comme chez nous !" dans cet archipel !
La navigation a été très facile, avec toujours des vents portants à appuyer de temps en temps au moteur.
Mercredi 2 juin, un peu de «mal de mer», car le vent ayant bien soufflé pendant la nuit, la mer était quelque peu agitée, et le vent pas si vaillant pendant la journée. Jeudi le vent s’est maintenu à plus de 17 nœuds pendant la majeure partie de la journée ; il nous a surpris par sa direction et son intensité, alors que nous montions le spi… Que nous avons descendu illico ! Nous avons navigué entre 7 et 8 nœuds pendant la majeure partie de la journée : agréable ! Vendredi, vent en rafales, entre 0 et 18 nœuds : bonnes sensations aussi. Et comme nous avançons essentiellement sous voile, le moteur ne recharge pas les batteries… Alors Daniel a décidé d’essayer le bon fonctionnement de l’hydro-générateur : ça marche ! Mais gare aux bateaux qui voudraient nous croiser d’un peu près par l’arrière (une hélice traîne au bout d’un filin de 30 mètres)… C’est que nous sommes au début d’un week-end, dans l’archipel de Stockholm, et il y a enfin des voiles sur l’eau ! L’hydro-générateur ne nous permet pas de recharger nos batteries en route, mais nous permet de compenser nos dépense courantes : système de navigation, pilote automatique et réfrigérateur : pas mal ! Bon, il freine un peu…
Samedi, nous quittons l’archipel par le Sud. L’an dernier nous y étions rentrés par le cap d’Oxelösund, avec un vent de 40 nœuds : de grands souvenirs… Cette année, le temps est plus clément, et nous décidons de couper et de naviguer au sein de l’archipel de Trosa. Cette idée se révèle excellente samedi : le vent est portant et nous naviguons sous voile dans un entrelacs d’îles et de chenaux : magnifique, même si Daniel doit se déchaîner à la manœuvre. Moins bonne idée dimanche : nous sommes grosso modo face au vent, qui dépasse souvent les 15 nœuds, et compte tenu de l’étroitesse des chenaux, nous passerons la journée au moteur : tout aussi beau (et par grand soleil), mais moins agréable !

Nos escales : une nouvelle et deux « connues » dans l’archipel :
- Arholma au Nord, une « grande île », avec une activité agricole, des sentiers et une église très jolie,
- Ostholmen à l’Est de Möja et Rånohamn au Sud de l’archipel, deux mouillages que nous avions beaucoup aimés l’an dernier, et que nous avons encore plus apprécié : soleil, quiétude, vert printemps. A preuve : l’an dernier il y avait tant de monde sur la liste d’attente du sauna d’Ostholmen, que nous avions renoncé. Cette année, il y avait de l’activité, mais sans plus, et nous avons pu prendre notre tour sans problème : sauna 4 étoiles (magnifique sous tous les aspects, mais électrique…). Et à Rånö où nous avions aperçu des chevreuils l’an dernier, nous sommes tombés en arrêt sur une horde de 6 bêtes (qui nous observaient aussi) !

Samedi 5 juin au soir nous arrivions à Trosa, une ville ancienne d’environ 5000 habitants à 60 km au Sud de Stockholm, construite sur une rivière. Comme souvent sur la côte Est de la Suède, les Russes ont ravagé la ville en 1719, à l’exception de l’église. Mais nous n’avons pas visité cette église : le sol s’est soulevé, et le port ainsi que le village qui en dépendaient ont dû être déplacés, si bien que l’église est à 2,5 km dans les terres aujourd’hui. Mais les maisons du XVIII° siècle ne manquent pas, et la ville est charmante. A revoir, en dehors du week-end, pour plus d’animation… Trosa constitue aussi une bonne halte, avec tous les services, et nous avons pu compléter notre ravitaillement.
Nota : une escale dans ce port impose cependant de longs cheminements dans les chenaux de l’archipel.

Dimanche 6 juin au soir, après avoir bataillé plusieurs contre le vent, et nous être remplis les yeux de chenaux étroits et magnifiques, c’est à Lilla Trässö que nous avons fait escale. Une toute petite île, comme son nom l’indique (lilla = petit), mais suffisante pour nous protéger du vent du Sud, et nous l’espérons du Nord qui devrait souffler à notre réveil, selon les services météorologiques locaux… Amarrage à la suédoise, barbecue à la suédoise : depuis que nous avons découvert le secret des Suédois pour allumer le barbecue, nous n’hésitons plus (chut ! ils utilisent abondement du pétrole lampant ou autre liquide inflammable mais pas trop…).
Lilla Trässö est à quelques miles à l’Ouest de Oxelösund, où nous étions allés l’an dernier pour faire soulever notre bateau après avoir heurté un rocher… Euh ! Si nous parlions d’autre chose ?
Voilà un sujet de conversation plus sain : nous avions choisi pour cette nuit notre abri en fonction de notre connaissance de la météo annoncée : vents du Sud ou du Sud-Ouest pour la nuit selon les stations météo, vent du Nord ou du Sud-Ouest, faible pour la matinée. Notre petite baie était donc ouverte à l’Est. Et devinez qui nous a réveillés sur le coup d’une heure du matin ? Un bon vent d’Est entre 10 et 13 nœuds ! Branle-bas de combat ! Il est vrai qu’il faisait relativement clair, mais un petit brouillard se pointait. Au moment de ramener la dernière amarre qui nous liait à la terre, celle-ci s’est coincée dans un rocher… Pas le temps de finasser, nous avons dû la laisser dernière nous… Nous avons trouvé notre chemin vers un abri que nous avions repéré, ouvert au Sud, lui. Tout au fond de la baie, nous avons pu mouiller, en constatant après deux tentatives que les fonds ne tenaient pas si bien que cela. A part ce «détail», l’abri était plutôt bon. 4 heures de sommeil léger, et nous repartions car la petite houle qui entrait la baie n’avait rien d’agréable. Au sortir de la baie, c’est un vent toujours d’Est qui nous attendait, mais entre 15 et 18 nœuds, puis 22 noeuds : ris et trinquette étaient bien adaptés. Pas mal pour une prévision de vent faible du Nord… Nous avons ainsi avalé les miles vers le chenal d’entrée de Norrköping, en surfant même à l’occasion à une vitesse de 9 nœuds ! Le vent s’est ensuite stabilisé pour nous permettre d’apprécier le chenal vers Söderköping et le Göta Kanal.
Nous serons bientôt aux portes du canal !




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mercredi 2 juin 2010

Toujours vers le Sud

Ces trois derniers jours, nous avons eu des conditions de navigation assez similaires et agréables : sans nous fatiguer beaucoup, nous avançons bien (90 nautiques). Nous utilisons le moteur que dans les isthmes étroits face au vent et pour cheminer dans les chenaux qui nous mènent aux ports. Du soleil, mais toujours un fond de fraîcheur. Mais cela va mieux : nous avons pu prendre un petit-déjeuner et un dîner à l’extérieur.
La mer est « nettement » plus chaude, entre 8 et 11°. Et en navigation, il nous arrive de dépasser les 14° à l’intérieur ! Et le printemps se fait nettement sentir via la végétation.
Les ports et la mer commencent à se peupler : nous sommes 2 ou 3 bateaux à chaque escale ! Et nous apercevons même 1 voilier de temps en temps durant la journée… Et encore un transport de grumes.
Le bateau a retrouvé toutes ses capacités : mardi 1° juin, la drisse de spi a été repassée dans son réa au haut du mât. La manœuvre s’est faite en 2 temps. Daniel a essayé l’échelle de sangle qui est sensée lui permettre de se hisser sans aide extérieure en haut du mât. Cette première tentative a été mal préparée (nous ne connaissions pas suffisamment le matériel), et il a fait de gros efforts pour un résultat médiocre. De plus le descendeur qui permet d’assurer la sécurité et de faciliter la descente ne nous a convaincu ni l’un, ni l’autre. Danièle, guérie de ses brûlures à la main a réessayé deux jours plus tard, en tirant les leçons de la précédente expérimentation et en se faisant largement aidée par une chaise hissée par Daniel au winch. 1/3 d’effort sur l’escalier de sangle pour celui qui monte, 2/3 d’effort pour celui qui hisse : c’est plutôt confortable pour l’équipage, et ça marche !
Bon, nous avons toujours un problème côté pompe à eau (le contacteur ?), mais cela fait partie de la navigation…
Côté escales, une déception et deux bonheurs !
Fagerviken nous était décrit par la documentation comme un port de pêche qui avait été important et qui accueillait maintenant des bateaux de plaisance. Malgré le long cheminement entre les rochers nécessaire pour le rejoindre, la description nous avait séduite. En fait, c’est le cheminement qui nous a apporté le plus de joie : un heure à zigzaguer entre des dangers que nous avions l’impression de pouvoir toucher à certains moment, mais avec des alignements et des bouées pour nous aider, et au final 5 m de fond au minimum. Quelques bouées étaient absentes, nous en avons même aperçue une à la dérive, mais le lendemain matin, nous avons pu constater qu’un bateau des Phares et Balises était à l’œuvre pour réinstaller le total.
Le port était en effet très large, avec de nombreux quais, dont certains assez hauts pour des chalutiers, mais désert et sans aucune indication. Nous avons erré un quart d’heure en tentant de savoir quels étaient les pontons privés et les pontons qui nous étaient destinés… Nos appels téléphoniques sont restés sans réponse ou nous ont mis en contact avec des personnes ne parlant pas anglais. Nous avons donc choisi notre quai et nous sommes installés. Bien sûr, nous n’avons localisé aucun service malgré les indications de notre documentation. Mais l’endroit était joli, et il faisait bon !
Deuxième escale : Öregrund où nous étions passés le 15 mai, alors que nous allions vers le Nord. Petite ville toujours charmante d’autant que les commerces étaient ouverts et que les machines à laver fonctionnaient. Évidemment, un des sèche-linge était en panne. Et le responsable du port (bien que très « suédois », grand, blond, avec un anneau à l’oreille droite) avait une notion du service toute française, du genre « Ah oui, il ne fonctionne pas. Je ne peux rien faire dans l’immédiat. Vous pouvez étendre le linge sur vos filières. »… Bien sûr : 2 fois 10 mètres de filières pour 4 machines de linge à 21 heures le soir pour repartir le lendemain !
Dans le port, échange avec un équipage néerlandais et le Suédois que nous avions rencontré deux jours avant à Storjungfrund. Repas au resto en commun, fromage et vin rouge sur notre bateau. Et couleurs superbes en fin de soirée !
Hier après-midi, nous avions rendez-vous à Raggarön avec Göran et Leif sur Salofsie. Daniel et Leif se sont déjà rencontrés à Stockholm il y a une quinzaine d'années. Sauna sur une plateforme flottante, déjeuner et dîner sur le barbecue, musique : soirée très agréable !
Et nous avons évoqué la possibilité que Leif nous accompagne pour la traversée entre la Norvège et Écosse en juillet…



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