lundi 24 mai 2010

En route vers le Nord

Notre objectif est d’aller le plus au Nord possible, mais notre priorité reste d’arriver à l’entrée du Göta Kanal qui nous permettra de traverser la Suède, dès son ouverture le 7 juin. C’est-à-dire qu’après être montés bien au Nord de Stockholm, il nous faudra redescendre au Sud. Et puis, il y a l’île de Gotland à visiter par là, que nous n’avons pas eu le temps de voir l’an dernier… Beaucoup de lieux à visiter, et une météo peu favorable : printemps en retard, puis haute pression stable et donc petits vents nous attendent.

Nous sommes aussi prévenus : certes, il fait très beau et même chaud au soleil, mais sur la mer encore froide la chaleur développe des brumes qui peuvent être épaisses et persistantes en mai…

Dernière précision, il n’y a pas de guide de navigation après cette étape, mais seulement une description des abris et ports d’accueil : à nous d’improviser avec les cartes.

C’est donc avec un petit vent que nous quittons Öregrund lundi 17 mai ; petit et bien entendu, contraire ! En fin d’après-midi, le vent nous lâche carrément dans une zone où les possibilités de mouillage n’abondent pas. Nous nous dirigeons vers des bouées référencées sur notre documentation à Björnsundet : pas de bouée (ce n’est sans doute pas encore la saison, ou bien les glaces de l’hiver les ont arrachées ??). Pas de problème, nous allons nous ancrer ! Mais… le fond est de roches et l’ancre refuse de tenir. Nous voilà donc repartis au moteur vers l’île d’Eggegrund, à 10 nautiques plus au Nord. Là aussi nous sommes sensés nous accrocher à une bouée… Sera-t-elle en place ? Eh ! Oui, nous voilà rassurés. Le mouillage n’est pas particulièrement attractif, mais nous passons une bonne nuit.

Au lever, une bonne surprise : le soleil nous permet de prendre notre petit-déjeuner dans le cockpit. Notre navigation commence à ressembler plus à des vacances qu’à un entraînement à la survie.

Et le vent sera certes contraire, mais présent toute la journée. C’est en fin de journée que la difficulté se présente : nous avons choisi de nous abriter à Axmar Brugga qui se blottit au fond d’un petit archipel et s’atteint par un chenal étroit et tortueux… mais magnifique. La prise de bouée devant le ponton n’est pas une réussite fameuse : vent de travers et amarre trop courte (pourtant, nous le savions !) nous obligent à recommencer.

Nous sommes accueillis par… les hirondelles et autres oiseaux de mer ou non. Le restaurant promis est bien là, fermé. Ce n’est pas la saison, vous dis-je ! Le sauna, certes électrique est aussi là, mais… ouvert ! En tripotant un peu les interrupteurs et autres contacteurs nous parvenons à le mettre en route. Le temps de faire une belle balade, autour d’une ancienne (lire très ancienne) usine sidérurgique, toute équipée y compris des restes du château de son propriétaire, et le sauna est chaud… Certes le printemps est là, mais nous découvrons encore une plaque de neige, et le muguet n’est pas encore fleuri.

Au petit matin, quelques locaux sont au travail… pour préparer la saison. Ils nous rassurent : nous avons bien fait d’utiliser le sauna, et ne veulent pas que nous payons la nuitée : ce n’est pas la saison ! D’ailleurs, nous sommes le premier bateau à faire escale cette année…

Ce mercredi matin, nous avons pris notre temps : le brouillard annoncé était bien là. Rester à notre mouillage ou reprendre le chenal, traverser l’archipel et naviguer sans rien voir ?? Après moultes hésitations, nous voilà repartis. Le chenal semble plus facile à prendre dans la brume. La navigation au GPS, validée par le tracé des côtes et la détection des balises par le radar et l'AIS qui nous donne la position des gros bateaux dans le secteur offre un "certain" confort. Mais les conditions finissent par nous peser, : nous constamment à tendre l'oreille à l'écoute d'éventuels petits bateaux...d’autant que le vent nous lâche aussi dans l’après-midi. L’abri le plus proche semble avoir tout pour nous plaire… Mais si nous avons bien compris que le court chenal d’accès (10 m de long) était dragué à 2 m de profondeur, nous n’avons pas trouvé la profondeur dans le port. Notre tirant d’eau est toujours de 1,60 m et les hautes pressions ont plutôt tendance à réduire les hauteurs d’eau indiquées sur les cartes. Fatigués, nous décidons de tenter le coup. Le brouillard est toujours aussi dense et nous découvrons l’île quelques centaines de mètres avant de prendre le chenal. Daniel adapte la vitesse aux conditions météo et au lieu : 0,0x nœuds : on ne peut pas entrer avec une vitesse négative ?? Le sondeur confirme le profondeur du chenal, mais nous apprend ensuite que le fond du port peut remonter à 1,80 m. Et l’espace de manœuvre équivaut à un grand mouchoir de poche. Mais ça passe ! Il nous faudra quand même une marche de deux heures dans l’île pour décompresser… Une île superbe et très contrastée : nous vous laissons regarder les photos ! Et, bien sûr, déserte à cette époque de l’année : je vous rappelle que ce n’est pas la saison, et hors week-end, les maisons de pêcheurs, devenues résidences secondaires sont inoccupées. Nous profitons encore des oiseaux de toutes sortes, y compris d’une petit colonie de goélands installée à 20 m du ponton.

Les paysages de cailloux sont spécifiques des îles de ce coin de Suède. Les glaciers, en se retirant il y a 10000 ans ont râpé le sol et détaché ces morceaux de rocs. Souvent, on trouve une sorte de lagune dans l’île, dans laquelle se sont installés des pêcheurs.

Jeudi se lève toujours dans le brouillard. Nous optons pour la tranquillité, et la poursuite de notre découverte de l’île. Mais à 15 h, le brouillard se lève, et nous revoilà en route vers le Nord.

Deux bonnes heures de navigation sous spi nous emmènent au Sud de l’île de Agö. Une zone de protection de phoques apparaît sur la carte et, effectivement, nous commençons en passant sous le vent à percevoir une certaine odeur (ou une odeur certaine ?) de poisson pourri, puis à entendre des ronflements, pour finir par apercevoir la colonie pour partie dans l’eau, pour partie sur les rochers. Il y a bien plusieurs centaines d’individus : impressionnant ! Mais ils restent bien à l’écart dans l’enceinte de la zone protégée : ils ont sans doute appris à lire les cartes !

Nous poursuivons vers notre mouillage, à deux pas, et entrons dans une superbe baie. Nous n’y serons pas seuls : pour une fois un autre voilier est amarré, et son équipage semble fana pêche. Mais il se fait tard et notre descriptif nous signale un sauna : à peine amarrés, nous partons à sa recherche : sauna 4 étoiles, chauffé au bois qui malheureusement est bien humide. Il nous faudra bien deux heures pour faire prendre le feu et chauffer la pièce. Mais quelle récompense !

Vendredi matin, nous partons à pied découvrir l’île. Forts de notre savoir acquis à Vässarö, nous savons maintenant reconnaître les crottes d’élans… et le chemin en est très largement semé. Les alentours aussi, d’ailleurs. On peut même dire que la densité en est supérieure à celle des crottes de chien dans le XVI° arrondissement de Paris ! Nous sommes donc à l’affût… Mais ils se cachent trop bien.

A 2 km se trouve un ancien port de pêche, avec une église qui nous semble toute neuve… En discutant avec un des habitants, nous apprendrons que l’île fêtera les 350 ans de l’église et du village cet été ! Pas question pour un voilier d’entrer dans ce port : comme souvent, la terre s’est soulevée ici, et seules les barques peuvent encore y trouver un abri.

Bonne surprise au retour, nos voisins nous proposent une partie de leur pêche : 4 superbes brochets et 3 perches ! Ils nous confirment qu’il est possible de les cuire au barbecue : nous nous lançons. Vu nos talents dans le domaine, ils nous prendrons en pitié et nous aiderons à faire démarrer le feu, avec du bois toujours humide, à vider les poissons, les assaisonner et les envelopper en papillotes. Qu’ils doivent paraître empruntés ces Français !

Au résultat, nous sommes repus, et notre frigo contient de plus 3 brochets et demi cuits pour les jours à venir.

Et un café à bord de PikouRous est aussi l’occasion de bien discuter et de recueillir des conseils sur les bons coins à visiter plus au Nord.

Au fait, un panneau nous réclame le prix d’une nuit, à glisser dans une boîte : 2 euros (SIC).

Ce n’est pas tout ça : il est déjà 16h30, il serait peut-être temps de partir ? Ce sera au moteur car le vent n’est pas bien vaillant, et pour une très courte navigation vers le port d’accueil de Hölick. Nous croisons une barge de grumes tirées par un remorqueur : il doit y avoir dans le coin une usine de papier. Sans doute charmant au temps de la pêche, le village de Hölick modernisé ne nous inspire pas. Tout est bien sûr fermé. Mais il y de l’eau sur les pontons (toujours pas d’électricité) : nous faisons les pleins avant de nous apercevoir que sa couleur approche celle du coca cola… Il paraît que cela est normal, et qu’elle est fort bonne (nota : deux jours plus tard, nous ne sommes pas malades). Après une bonne nuit, nous repartirons tôt le lendemain.

Samedi est une grande journée de navigation par rapport aux jours précédents : le vent est là, pas violent, mais suffisant. Selon les conseils de nos voisins d’Agö, nous nous dirigeons vers Lill Lubban à 40 Nm. Nous croisons un phoque, toujours aussi circonspect. L’arrivée dans la baie de Lill Lubban en début de soirée est un enchantement. A gauche, le port de pêche de Galström : il y a bien 2 ou 3 bateaux en activité, ce qui est peu courant dans la Baltique. Devant la baie, à droite deux presqu’îles dont celle de Lill Lubban où est établie une base du plus grand club de voile suédois le Svenska Kryssarklubben, dont nous sommes membres grâce à Göran. Les installations : ponton, véranda, sauna… sont superbes. Mais… tout est fermé, et nous sommes accueillis par les oiseaux : ce n’est toujours pas la saison. Il est tard, nous sommes bien fatigués, une priorité s’impose : le sauna. D’autant que le bois est bien sec : une allumette et quelques brindilles suffisent. En revanche, il ne faut pas s’éloigner longtemps car le bois est brûlé à vitesse grand V. En ¾ d'heure, le sauna est prêt. Vue sur la baie, dans un petit coin abrité, avec les canards, l’eau d’une source, un ponton pour aller se jeter dans la mer : 5 étoiles ! Pour la baignade, nous nous abstiendrons. Nous sommes bretons, mais 10° c’est un peu froid…

Dimanche aurait pu être une journée de tourisme puisque Galström abrite un village intéressant (selon la documentation), des sentiers, des pierres particulières, et surtout une ancienne (lire très ancienne) usine sidérurgique, à visiter. Mais il pleut… C’est donc en mer que nous passerons la journée, en compagnie de quelques phoques, en route vers Härnösand, dont nos voisins de Agö nous ont dit grand bien.




Picasa
Plein écran


Aspects techniques

7 commentaires:

  1. Ca à l'air important Härnösand. J'ai vu une photo aérienne de la ville sur le net.
    Dimanche j'ai rencontré Pierre qui est venu participer au concours de sonneurs organisé par la Mission dans le cadre de la saint yves devant la Mairie du XIV éme. Je lui ai demandé de vos nouvelles, mais apparemment il n'en savait pas plus que moi.
    Alain B

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  2. ravi d'avoir trouvé votre Blog , je pars à Saltsjobaden Samedi retrouver mon bateau qui a hiverné là bas . Direction les Iles Aland , Turku , Helsinki et ensuite retour vers Groix par les pays Baltes etc... peu de chances de se croiser dommage , les bateaux Francais sont rares en Baltique ;

    Gilles Romieux

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  3. Merci Gilles
    Nous repartons vers le sud pour prendre le Gotta Kanal début juin.
    Peut être dans l'archipel de Stockholm dans quelques jours...
    DK

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  4. Oh les beaux canards! D'aprés la photo ça ressemble plutôt à un fuligule morillon.
    Ce canard est un canard plongeur mais qui a des soucis avec son cousin d'amérique débarqué en Europe il y a quelques temps. En effet lorsque le cousin s'accouple avec une femelle européenne, les petits sont stériles.
    Coin coin dit Alain B
    http://www.fermedebeaumont.com/canard-cygne-canard-plongeur-c-74_84.html

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  5. Superbe ces photos.. Mais apparemment je ne comprends pas pourqoi vous etes partis à cette époque de l'année !!! :-) Ca fait très aventuriers des temps modernes quand même.. Sur que même les sweedish vous prennent pour des fous !!!

    Moi je retourne dimanche sur la Seine !!!

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  6. bonjour
    content de voir des francais dans ce coin.interessant votre site
    je pars chercher un bateau que je convois vers la bretagne
    le 15 juin,depart 100km de goteborg,je ne pense pas que l'on se croisera alors bonne continuation
    alain.duroudier@orange.fr

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