lundi 10 août 2009

Turku et retour en Suède

Je suis incapable de vous donner un avis tranché sur cette ville : l’ai-je aimée ? Sans doute que notre séjour a été trop court, et il était aussi mal préparé, certes…
La ville s’étire sur 3 km entre son château et la cathédrale, siège de l’église finlandaise. Les rues sont tracées au cordeau : la ville aurait brûlé 30 fois au cours de son histoire. Turku était la « capitale » de la Finlande quand celle-ci était suédoise (pendant 600 ans, et jusqu’en 1809 ou elle est devenue russe). Les Russes ont souhaité une capitale plus proche : Helsinki. La cathédrale, dont les plus anciens tronçons datent du XIII° siècle, a été rénovée après quelques incendies et l’intérieur a été recouvert d’un enduit qui ressemble fort à du ciment : impression dérangeante pour nous. Le château, de la même époque, est magnifique, superbement restauré et mis en valeur. Mais les docks, embarcadères des ferries… sont à ses pieds ! La ville a un passé nautique très riche, et un musée à la hauteur. Le port de plaisance est bien situé, et nous disposons de tout le nécessaire (même le sauna, pourtant électrique n’est pas si mal, et la WIFI fonctionne bien), mais l’accueil est frais, et les voisins discrets… du moins jusqu’à notre départ, car à ce moment, beaucoup sont venus nous saluer ?? Le bureau du tourisme est très efficace, et dispose de nombreuses brochures en français, et les touristes y sont les rois. La ville regorge de tous les produits nécessaires. Nous avons trouvé un magasin d’accastillage disposant de plus de choix que partout en France ou en Suède. Les marchés ouverts ont été conservés, et nous avons pu y acheter aussi bien notre viande, notre fromage que du renne séché et des baies arctiques. Il y avait aussi différents pains frais sans gluten, mais je suis un peu malade depuis, alors ?
Les relations avec la Suède sont toujours restées importantes, et la plupart des panneaux en ville sont rédigés au moins dans ces deux langues (heureusement pour nous : la langue finlandaise est vraiment déroutante pour quelqu’un qui ne s’y est pas préparé !). Nous rencontrerons d’ailleurs dans l’archipel de Turku un couple vivant à Helsinki qui au quotidien, pratique les deux langues. Dans l’archipel lui-même, les habitants parlent essentiellement le suédois.
Nous avons fait connaissance d’un Français immigré en Finlande depuis 40 ans, qui portait un œil sévère sur l’évolution du pays, qui se serait enrichi trop vite au cours des 40 dernières années (la Finlande est indépendante depuis 1919). Le comportement des jeunes dans la rue nous a surpris, dérangés.
Circonstances aggravantes : la vie y est nettement plus chère qu’en Suède, et le temps est orageux, trop chaud et sans vent…
Bref, nous décidons de quitter la ville vendredi 7 août, alors même que le vent ne s’est toujours pas levé… Nous aurons d’ailleurs du vent en fin de journée : deux heures de navigation facile et agréable sur une navigation de 8 heures nous feront le plus grand bien ! Et nous apercevrons en route un phoque !
Nous avons choisi sur la carte une petite île, Aspö, qui nous paraît bien placée et sympa (en lisant une carte, ce n’est pas évident d’évaluer le caractère « sympa » d’un port, mais nous n’avons pas trouvé de guide de navigation en français ou en anglais)…
Heureux choix (ou coup de pot) ! Quand nous nous présentons vers 18h, le port est plein, ce qui est étrange car les congés sont terminés et la plupart des ports (Turku, d’ailleurs) sont largement désaffectés. Mais ce n’est pas grave : d’un ponton voisin une dame nous fait signe de venir nous accrocher sur le sien. Une conversation s’engage : le ponton est privé, mais le propriétaire autorise les passagers (en fait, une boîte permet de récolter les oboles des équipages tout contents d’avoir pu s’amarrer !). Nous nous amarrons au son de l’accordéon : c’est le maître du port qui joue ! Une valse… je fais quelques pas de danse, et bientôt un couple me rejoint, puis une maman et son bébé. Il joue bientôt « adieu les soirs si calmes… » que j’ai apprise en colonie il y a quelques années : je peux l’accompagner à la voix ! Puis Daniel l’accompagnera au bouzouki, et nous finirons la soirée avec un couple de chanteurs d’Helsinki, à jouer et à chanter : pas mal !Le lendemain matin, une petite gâterie : un sauna (le prix est à la hauteur de la prestation) selon la formule traditionnelle, au bois, avec des fenêtres qui donnent sur la mer, et un ponton pour se mettre à l’eau : super, classé : *****).Et nous reprendrons la mer, tout heureux de nous être sentis acceptés par cette petite communauté.
La prochaine étape sera un lieu connu : lorsque nous nous sommes arrêtés à Åland sur l’île de Kökar sur la route vers Turku, nous avions visité le port de Karlby, situé au Sud de l’île, et réputé pour ses accès étroits et semés de hauts-fonds. Le capitaine du port nous avait rassurés : avec notre tirant d’eau, il n’y aurait pas de problème…On passe quand même par 2 m puis 1, 70m au sondeur ?? Mais d'après le "Harbour master", ces chiffres sont dus aux algues qui tapissent les fonds.
Avis aux navigateurs : dans une centaine d'année, compte tenu de l'élévation régulière des terres, l'accès au port de Karlby sera condamné sauf aux petits youyous...Alors, profitons en.
Nous étions tiraillés entre l’envie d’une navigation en rase cailloux (et un raccourci de 15 Nm), et la prudence issue d’un souvenir récent et cuisant… Mais l’envie a gagné, après une longue négociation ! La navigation ne nous a pas déçus. Toujours au moteur, car le vent été très faible (et pour une fois, cela nous arrangeait bien…). Les trois premières heures étaient relativement simples, car il y avait « du fond » mais tout de même : au fur et à mesure que nous nous éloignons de l’archipel de Turku pour nous approcher de celui de Åland, la taille des îles diminuait, ainsi que leur végétation, mais leur nombre se multipliait. Nous naviguions en permanence parmi des rocs de granit rose et des îlots couverts de lande répandus à perte de vue dans toutes les directions ! Sur un minuscule rocher, nous apercevons soudain de la vie : 3 phoques, dont un jeune se mettent à l’eau à notre approche.
Les deux dernières heures ont nécessité beaucoup d’attention : les îles ont grossi, se sont couvertes de végétation, mais les fonds sont remontés. A certains endroits notre sondeur nous indiquait que nous étions échoués, or nous avancions ?? : les herbes qui tapissent le fond étaient si denses qu’elles trompaient le sondeur… et nous stressaient !
C’est tout fiers que nous sommes arrivés au port (tout fiers et à la vitesse d’un escargot… pour le cas où !). Nous restait à nous amarrer entre des pôles (comme à Turku) : ce n’est pas notre fort, mais nous ne nous en sommes pas trop mal sortis.
Un peu de repos, une entrecôte au barbecue, et nous étions prêts pour une bonne nuit.Dimanche, c’est un son que nous avions oublié qui nous a réveillés : le vent ! Nous sommes allés capter le signal Wifi à la réception pour consulter le site de la météo suédoise : parfait pour un retour vers la Suède. La route est un peu longue et le départ un peu tardif, car nous voulons faire le plein de gas-oil finlandais et il faut attendre l’ouverture du magasin, mais nous devrions arriver avant la nuit.
Göran nous avait déjà contacté : il navigue cette semaine avec son fils, et nous avait proposé un rendez-vous pour ce soir… mais nous n’y croyions pas, en l’absence de vent. Nous reprenons espoir.
Le cheminement pour quitter le port de Karlby est tout aussi mal pavé (et plaisant), mais beaucoup plus court vers l’Est que de l’Ouest). De plus le départ se fait face au soleil. Alors, voilà les règles : compte tenu de l’étroitesse du chenal, si vous voyez une balise verte, vous la rasez en la laissant à droite ; si vous voyez une balise rouge, vous la rasez en la laissant à gauche ; si vous vous trompez de côté, vous vous échouez. Facile ? OK ! Celle-ci est rouge ou verte ? Dépéchons…
Puis, la mer paraît plus saine, mais cache toujours quelques dangers, plus espacés mais tout aussi traitres. Nous sommes de nouveau seuls en mer : nous avons laissé les autres plaisanciers dans l’archipel… Le vent est confortable, nous avançons vite au largue sous grand-voile et génois (7 à 7,5 nœuds), et il nous faut bien cela pour cette étape de 60 nautiques. Et, oh ! confort maximal, Göran et Matts nous ont préparé une petite place, à couple sur leur bateau (nous n’avons qu’à nous amarrer au leur : pas de gymnastique), et un super dîner… Elle n’est pas belle, la vie ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire