dimanche 2 août 2009

Åland, entre Finlande et Suède

Göran nous avait proposé d’attendre que son épouse Birgitta soit en congés pour partir à deux bateaux à Åland. Son bateau, Salofsie est un voilier de la même taille que le nôtre, moins toilé mais plus motorisé. Naviguer ensemble semblait donc difficile, mais se rejoindre à chaque escale ne posait aucun problème.C’est d’ailleurs sur Salofsie que nous avions goûté aux joies de la navigation dans l’archipel de Stockholm il y a 6 ans et formé le projet de revenir avec notre propre bateau…
Notre projet n’avait pas intégré une navigation au-delà de la Suède et d’Hallstavick, mais pourquoi pas une petite incursion en Finlande ?
Le départ était fixé au vendredi 24 juillet. Göran et Birgitta n’ayant pas terminé leurs préparatifs, nous sommes partis seuls, comme des grands, les attendre dans un mouillage de « leur » archipel.
8 miles, ce n’est pas grand’chose ? Peut-être, mais suffisamment pour se retrouver dans un mouillage enchanteur sur l’île de Raggaron, à Långviken : un «port» géré par les habitants de la ferme adjacente et pouvant accueillir une quinzaine de bateaux, avec tout le confort, caché dans une baie enfoncée dans les arbres, que l’on ne découvre que lorsqu’on y arrive. Une promenade en arrivant nous permet de bâtir notre plan d’action : ce sera restaurant demain midi (un menu du jour pour 25 € à deux, avec boissons, salade pour l’entrée, café… et délicieux), et sauna (un vrai) demain soir. Côté sauna, nous nous sentons maintenant suffisamment sûrs de nous pour allumer le feu et en profiter en respectant les règles du jeu suédoises ! Et comme une petite plage permet de se jeter gentiment à l’eau juste à proximité, c’est un régal (notre classement = ****) ! Que nous partageons avec Göran puisque Salofsie nous rejoint juste à temps…
C’est donc ensemble que les deux bateaux quittent le mouillage le lendemain, direction Käringsund à Åland. Une navigation d’une trentaine de miles, en "open waters", c’est en dire en dehors de l’abri d’un archipel : nous avions oublié ! C’est fou comme on s’habitue à la facilité ! Nous nous battons avec les sautes de vent sous les nuages, le spi… Après quelques minutes au Spi, le vent refuse et nous devons l'abattre sans pitié. Le reste se fera sous grand voile et génois avec l'aide du Volvo. Mais c’est plutôt sympa. Göran, qui a navigué tout au moteur, est arrivé une heure avant nous, et nous a trouvé une place à côté de lui.
Alors,… Åland ? D’abord, prononcer « ô :land » : c’est mon guide de conversation qui le dit ! Ensuite, vérifier sur la carte qu’il s’agit d’un archipel d’environ 6500 îles (dont 65 habitées) situées entre la Suède et la Finlande. Et se munir d’un drapeau « ålandais » : Åland fait partie de la Finlande, mais on y parle le suédois, et ce territoire dispose d’une grande autonomie, avec un parlement et un gouvernement régionaux. Comme la Finlande, Åland faisait partie de la Suède jusqu’en 1809. Ces territoires passent alors à la Russie. En 1917, la Finlande proclame son indépendance, et Åland demande la sienne. Elle lui est refusée, mais c’est la Société des Nations qui décide du compromis actuel, assorti d’une démilitarisation totale de l’archipel.
Bref, en résumé pour nous : nous ne sommes plus en Suède, mais pas encore en Finlande ! L’archipel ressemble à un archipel suédois, mais le granit y est d’un rose profond, les maisons toujours majoritairement en bois (mais plus de constructions en dur qu’en Suède) sont de couleurs plus variées.Quant à Käringsund, c’est une petite baie toute ronde, au cœur d’une île qui accueille de nombreux touristes, dans une ambiance familiale. Elle offre toutes les facilités, mais manque un peu de la chaleur de l’accueil que nous avons trouvé à Raggarån et que nous trouverons au prochain mouillage. Mais il fait beau : un peu de rame dans le passage entre les îles, des promenades (avec vue sur deux cerfs en longeant un pars animalier), achat de poisson fraîchement fumé : sympa. Le sauna est électrique et à 150 m de la mer : décevant… Visite d’un bâtiment de la poste russe datant de 1828, baignade…
Côté bateau, nous faisons le plein de gas-oil car le gas-oil suédois contient un additif « vert » qui nous a été déconseillé : notre dernier plein date du Danemark ! Et pour la première fois, nous testons l’aspirateur de bac à eaux noires (nous évitons de rejeter à la mer le contenu des toilettes quand nous sommes dans un mouillage : il va dans un bac, qu’il faut vider de temps en temps en pleine mer ou grâce à une pompe spécifique) : peu ragoutant, mais ça marche ! C’est cela aussi, la voile…en photo, la "boite à caca" de Degerby...Mardi 28 juillet, Salofsie est un peu plus long que nous a se préparer, et comme il est plus rapide au moteur, nous décidons de partir avec une longueur d’avance. Mauvaise décision ! De notre côté : pas de problème : bon vent, un peu dans le nez, mais nous avons l’habitude ; jusqu’à 20 nœuds de vent et 8 nœuds pour le bateau. Après quelques essais à la trinquette et 1 ris dans la grand-voile où nous tapons dans la vague, nous remettons le génois, ce qui va beaucoup mieux. Nous croisons quelques ferries, mais pas de trop près. Très agréable.
Mais une heure après notre départ, nous recevons un appel de Göran : des difficultés avec son ordinateur de bord et son moteur. Et puis deux heures après, autre appel : le moteur est reparti, et le bateau s’est dirigé vers la sortie du port… Mais le moteur s’est arrêté sans crier gare, et le bateau a dérivé sur les rochers… Un autre voilier l’a remorqué vers Käringsund. Göran décide de rentrer vers son port d’attache, en compagnie d’un autre bateau. Au final, il y aura plus de peur que de mal, mais notre croisière de concert a été quelque peu raccourcie… dommage !
Nous sommes amarrés dans l’un des ports de Mariehamn, l’unique ville de Åland qui rassemble 40 % des 26000 habitants de l’archipel. De nombreux ferries, une histoire liée aux grands navires de commerce à voile du début du XX° siècle, un rassemblement de voiliers de 4 pays de la Baltique (rencontre avec un anglais qui connaît fort bien Concarneau et sa région), et une ville récente bâtie sur des rues à angles droits : influence russe ? Daniel a déjà vu ce modèle à Douchambé (Tadjikistan). Ce sont d’ailleurs les Russes qui ont créé la ville, et Marie (de Mariehamn) vient du prénom de l’épouse du tsar Alexandre II. Nous visitons le chapelet d’îles qui constituent l’île principale par la terre : une heure de visite commentée en bus, cela nous change, et la perception est totalement différente. Ces ponts au ras de l’eau entre les îles, qui nous empêchent de naviguer sommes nous le souhaiterions, sont indispensables pour permettre aux habitants des îles les plus petites de rester habiter chez eux. Et les paysages sont magnifiques Nous visitons à pied la côte Est (la ville est située sur un isthme d’un km environ), puis le Nord. Nous découvrons que les transports en commun son gratuits lors du retour, mais pas les autres denrées : retour à l’Euro, les prix sont au moins aussi élevés qu’en France !
Après un bon dîner à bord, nous décidons d’aller nous acheter une glace pour le dessert. Il est un peu tard : La Finlande est en avance d’une heure sur la Suède, et nous n’avons pas encore ajusté nos horloges biologiques. De plus, les Nordiques dînent tôt, et nous avons conservé nos habitudes françaises… Alors, tout est fermé au port, sauf le restaurant, qui nous propose un dessert glacé à 9 € ! Non merci. Nous repartons pour le centre ville : tout est fermé ou ferme ! Nous trouvons un kiosque qui vend des glaces encore allumé : sauvés ? Non, la vendeuse ferme. Mais devant nos mines déconfites, elle revient sur son refus initial, et nous gratifie de deux glaces énormes, et… gratuites car sa caisse est déjà fermée !
Jeudi 30 juillet, nous reprenons la mer pour un saut de puce de 10 nautiques. De nouveau, un changement radical : nous nous amarrons sur buoy à Rödhamn, un tout petit port abrité entre 3 ou 4 îles, et géré par une association de plaisanciers de l’archipel. Peu d’eau douce sur l’île (et donc toilettes « sèches »), mais électricité, bar, sauna, mini-boulangerie… le tout très bien organisé, propre grâce à l’efficacité du couple qui tient les rênes. Vendredi matin au petit déjeuner, Daniel aura droit à son pain fraîchement cuit, livré sur le bateau, dans un sac sur lequel la météo marine locale a été recopiée ! Que peut-on demander de plus ? Un sauna ? il y en a un, dans un recoin de l’île, bien abrité, dans une grande maison en bois au bord de l’eau (notre classement = *****). Le sauna est chauffé par les organisateurs, et nous n’avons qu’à entretenir le feu !
Nous avons même la possibilité d’aller jouer les explorateurs dans notre annexe gonflable sur les autres îles (nota : après s’être aspergés de lotion anti-moustiques et avoir aspergé nos vêtements de produit anti-tiques). Cette île était sur la route des voiliers de commerce entre Suède et Finlande et on y trouve l’histoire et des traces d’une auberge, d’une chapelle, d’une station goniométrique du début du XX° siècle (système de guidage des navires)…
Vendredi 30 juillet, un autre saut de puce sous grand voile et génois nous conduit à Föglö, dans le village de Degerby. C’est le terminal du ferry qui relie ce chapelet d’îles à celui sur lequel est établie Mariehamn. Une quinzaine de bateaux, une poste, un magasin d’alimentation très bien achalandé, des voisins sympas, un coin barbecue que nous n’hésitons pas à investir, avec plus de succès que lors de notre premier essai : nos saucisses arrivent entières dans nos assiettes !Nous louons des vélos pour parcourir les 15 km qui nous emmènent au Nord d’un chapelet de 4 ou 5 îles. Le musée local relate la construction des différents ponts, le fonctionnement des bacs… Nous passerons d’ailleurs grâce à un bac sur câble d’une île à une autre, avec nos vélos. Ces bacs sont gratuits : ils font partie de l’infrastructure routière du pays, et celui que nous empruntons fonctionne H24, sans arrêt (hors deux fois ½ heure pour les repas du pilote). En fait, comme la Suède, cette région est constituée de surfaces d’eau et de terre imbriquées. Il faut permettre aux habitants de passer aisément d’une île à l’autre pour vivre, mais il faut aussi permettre la navigation des navires… Selon le cas, un pont, un ferry ou un bac constituent les réponses les mieux adaptées.
Au cours des derniers jours, nous avons aperçu à 3 reprises des chevreuils, mais toujours pas d’élan en liberté (et ce n’est pas faute de chercher). Nous découvrons qu’il y en a sur Föglö, mais le seul que nous apercevrons sera celui-ci :Daniel se sent fiévreux et présente deux tâches qui pourraient ressembler à celles que provoquent les piqûres de tiques. Nous décidons de voir un médecin samedi. Vous avez remarqué : samedi, comme les enfants, c’est tellement plus facile un jour de semaine ! Föglö, c’est moins de 600 habitants : il n’y a pas de médecin. En revanche, une infirmière assure une permanence pour effectuer un premier « trie» entre les bobos des malades qui se présentent. Elle peut distribuer certains médicaments, conseille éventuellement d’aller voir un médecin à Mariehamn, voire appelle un hélicoptère. Pour Daniel, pas besoin d’hélicoptère : un test sur une goutte de sang montre qu’il n’est pas porteur de la bactérie de la Borrélia (maladie de Lyme). Peut-être un début de grippe ou une allergie ? A suivre…
Nous suivons ! En poursuivant à pied notre visite de l’île, qui comporte une plage dans un endroit charmant, et en nous gavant de baies : pour les fraises des bois, il faut se dépêcher, c’est la fin, mais pour les framboises, c’est la pleine saison !Dimanche 2 août, nous nous sommes levés tard, la pluie et l'absence de vent justifient pleinement un grande grasse matinée ! Mais la pluie ne dure pas, et nous voilà repartis, quasiment sur le chemin que nous avons suivis avant-hier en vélo. Nous avons longuement hésité sur le cheminement à suivre : le plus court présente des fonds de deux mètres, mais nos voisins de port nous l'ont recommandé... Ils ont bien fait !
Même vitesse qu'en vélo : il n'y a toujours pas de vent, et nous sommes à 5 noeuds au moteur. Mais impression complétement différente : alors que nous avions essentiellement vu des champs cultivés, nous ne voyons que deux rives plantées de forêt. Les îles sont innombrables, et le calme impressionnant. Pour le déjeuner, nous nous organisons une petite pause à Bönö Ön : la mer a toutes les allures d'un lac.Nous apercevons un phoque à deux reprises un phoque, mais pas moyen de les approcher : ils n'ont pas le comportement de nos marsouins qui jouent avec l'étrave !
Notre destination : Kökar nous apparaît vers 17 h, comme un paysage de bout du monde (mais avec la wifi). Chaleureux, mais loin de tout. Nous vous en dirons plus avec notre prochain article !

1 commentaire:

  1. vos commentaires et photos sont tres réalistes
    ça donne envie dy aller

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