lundi 1 juin 2009

Contre vents, marées et bancs de sable… mais avec le soleil !

Liminaire : Si vous saviez comme cela nous fait plaisir, après quelques jours de mer et une bataille pour nous connecter à Internet, de trouver des commentaires sur le blog ou des courriels ! Alors, merci à Marie-Pierre, à Alain, et à Juju (au fait, qui est Juju ?).

Nous voilà donc enfin repartis, tout contents et avides d’abattre les milles, ayant tout de même l’information que les vents seront avec nous, ce jeudi 28 mai, mais qu’ils tomberont dans la soirée… Nous décidons de faire un long trajet, avec une navigation de nuit. Nous quittons Cherbourg et ses trois enceintes protectrices, et profitons d’un vent d’Ouest et d’un grand soleil pour progresser rapidement et facilement entre 6 et 7 nœuds jusqu’en soirée. Pour le dîner, j’avais trouvé à Cherbourg du hareng salé et pensait que cela me permettrait de faire une cuisine rapide. Mais quand je l’ai servi à Göran, notre suédois spécialiste des poissons salés, fumés, saurs en tout genre, il m’a gentiment expliqué que ce genre de poisson devait se frire avant d’être servi ! Bon, tout le monde peut se tromper, et je l’avais bien prévenu : la cuisine n’est pas mon point fort…
Pendant ce temps, le vent s’est effondré, et c’est au moteur que nous avons navigué de nuit. Comme il se doit, alors que nous nous rapprochions des lignes de trafic des gros cargos, notre radar nous a lâché. Heureusement que nous avions décidé (tardivement, mais à temps) d’installer aussi un AIS. Ce système nous permet de recevoir les indications émises par ces cargos : leur position GPS, leur direction, leur vitesse… et de les visualiser sur la carte de navigation. Nous avons donc passé chacun deux ou trois heures à surveiller l’écran d’une part, et la mer d’autre part pour les navires non dotés de ce système (navires de plaisance en particulier) afin d’éviter toute collision. Deux cargos sont passés à 2,5 et 4 nautiques de nous : quelques moments d’intense attention, même si au bilan, la distance est grande.

Fatigués, mais heureux de notre avancée, nous sommes entrés dans le port de Boulogne à 10 heures du matin pour attendre un courant de marée favorable et en sommes repartis à 14h avec du vent du NE (nord-Est). Le vent de NE, quand au veut aller de Boulogne vers le Nord de la France et au-delà, cela signifie vent dans le nez, tirer des bords, serrer les écoutes de façon répétitive… Mais avec un courant favorable, tout est possible ! Nous avons dû prendre un ris (réduire la surface de la grand’ voile) et installer la trinquette (petite voile d’avant), et en avant dans 20/22 nœuds de vent. Aux alentours de Calais, vous avez peut-être remarqué que les côtes françaises et anglaises se rapprochaient : les cargos y forment donc des lignes ininterrompues et concentrées, parallèles à la côte, et des ferries et autres bateaux traversent à angle droit. C’est donc un peu remués (équipage et bateau) que nous sommes arrivés à la tombée de la nuit à Dunkerque, après avoir louvoyé entre les rails de cargos et la côte.

Comme Cherbourg, le port de Dunkerque est organisé pour faire face à des marnages (différence de hauteur d’eau entre marée basse et marée haute) importants : beaucoup de béton, de pylônes…Mais l’artère dans laquelle nous avons effectué quelques courses le lendemain nous a laissé une bonne impression.

Le bateau ayant été « un peu » secoué, il est apparu quelques infiltrations d’eau, un axe de manille s’est envolé… Rien de bien grave, mais il a fallu manié le tournevis vendredi 29 mai au matin.
C’est donc peu avant midi que nous sommes repartis, avec toujours un bon vent de NE (rafales à 23 nœuds), toujours face à nous, mais avec de surcroît un courant défavorable et un nouvel élément : les bancs de sable. En effet, les côtes du grand Nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas présentent des hauts fonds de sable, organisés en bande parallèles à la côte. Le louvoyage a donc dû s’organiser entre ces bancs : sympa, car toujours sous le soleil, mais induisant une progression lente peu proportionnelle aux efforts fournis. Et dans cet environnement, où une navigation très attentive est nécessaire, avec des virements de bord nombreux et rapprochés, toute navigation de nuit nous est apparue impossible.
Nous avons longé une grande partie de la côte belge (alternance de plages désertiques et de buildings), avons accroché notre drapeau de complaisance belge tout neuf, et nous sommes amarrés vers 21h à Blankenberge, au sud du port de Zeebruge, au pied de buildings.

L’organisation des ports en Belgique nous est apparue rapidement différente : le port est géré par plusieurs associations, et j’ai payé la redevance nécessaire à une association, alors que la place de port que nous occupions appartenait à une autre… Les prises électriques sur le ponton étaient verrouillées… Mais nous étions amarrés en couple sur un voilier dont le propriétaire était fort aimable, et même disert et qui nous a donné une masse de conseils pour la suite de notre navigation (contre une bière et la visite de notre bateau).

Dimanche 31 mai, nous repartions pour une troisième grande journée de navigation contre vent (NE, de force 5 et 6) et courant, toujours en évitant les cargos et en louvoyant entre les barres de sable… mais toujours sous un grand soleil ! Les bords étant cependant plus longs, nous avons pu utiliser une astuce du bateau : le transfert de ballast, les ballasts étant en fait nos réservoirs d’eau. Ceci permet de disposer d’une masse plus importante au vent, et de limiter la gîte du bateau : super confortable. D’ailleurs, le bateau avec 1 ris et la trinquette s’est montré très efficace et confortable. Mais contre le courant, les bords sont peu efficaces : beaucoup de distance parcourue sur la surface de la mer, pour une progression sur le fond décevante. Nous avons ainsi fait une étape de 86 Nm, pour une distance d’à peine plus de 40 Nm entre les deux ports…
En revanche, en fin de journée : plus de radar ni d'AIS car le logiciel de navigation est planté depuis un "plat" du ventre du RM dans une vague. Heureusement, nous avons pu reconfigurer un ordinateur portable relié à un GPS. Au bilan, le bateau se comporte très bien dans cette mer hâchée mais pas l'informatique...
Mais nous avons aperçu notre premier champ d’éoliennes marin !
Et l’entrée dans le chenal de Haringvliet aux Pays-Bas (au sud de Rotterdam), le passage dans l’écluse (notre première avec ce bateau) pour atteindre les « eaux intérieures » zeelandaises et le port de Hellevoetsluis au soleil couchant valent bien des efforts !

Digression : notre guide nous indiquait la fréquence radio à utiliser pour prendre contact avec l’éclusier avant de s’y présenter. Il nous fallait donc appeler « Hellevoetsluis». Avez-vous une idée de la façon dont ce nom doit être prononcé ? J’ai pourtant utilisé le guide de prononciation dont j’avais pris la précaution de nous munir… Personne n’a répondu à notre appel !!! Mais l’écluse s’est ouverte pour un bateau local : nous lui avons emboîté le pas !

Autre digression : pendant les longs bords, il faut s’occuper, surtout si la progression n’est pas faramineuse et que le moral s’en ressent. Göran nous a donc raconté des histoires. En voilà une : lorsqu’on ne veut plus de son chien mais que l’on veut un chat, que fait-on ? On met son chien au congélateur pendant deux semaines, on l’en sort et on s’arme d’une scie circulaire. Lorsque celle-ci entre en contact avec le chien, il émet le son « Miiiiaououou » ! Et si l’on regrette son chien, on verse de l’essence sur le bloc congelé, on y met le feu, ce qui produit le son « Vouououf » !
Bref, l’équipage avait besoin d’un peu de repos, et s’est accordé la journée de lundi 1° juin de relâche. Temps magnifique, superbe région, beaucoup de bateaux et d’activité. Nous vous recommandons cette escale !
Evitez cependant le lundi de Pentecôte lorsque votre frigo est vide et que vous avez besoin de le remplir…
Et, bien sûr il a fallu prendre soin du bateau : décrassage, révision de l'informatique (succès mitigé) et installation du porte drapeau de complaisance sous les barres de flèche.



4 commentaires:

  1. Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!
    Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
    De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:
    Un port retentissant où mon âme peut boire
    A grands flots le parfum, le son et la couleur.
    Les Fleurs du Mal (1857), XXIII - La chevelure
    Citations de Charles Baudelaire

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  2. Hello! Quel est le beau trois mats que l'on devine en arrière plan sur la photo 3?

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  3. Salut !!!
    Super cool avec les photos ... il ne manque plus que l'odeur de ce qui mijote au four ... des gougères ???
    Pendant que certains continuent d'aller travailler ... d'autres bronzent (hum ... calculent pour les marées) ou grimpent au mât ... Quelle idée !!!
    Bilan évident : c'est génial l'informatique quand ça fonctionne !!!
    Bonne continuation,
    MPS

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  4. J'ai trouvé sur le net un proverbe suédois: "Un homme sans argent est un bateau sans voile"

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