samedi 20 juin 2009

Coups de vent portants et fête de Midsommar

Jeudi 18 juin a été l’occasion d’un autre saut de puce pour PikouRous : de Kåseberga à Simrishamn, 20 miles à l’Est. Vent portant, mais puissant, sur une mer de plus en plus agitée… et une rafale à 35 nœuds nous a propulsés à 9, 45 nœuds sur un surf ! Grisant, mais un peu stressant…
Revers de la médaille : nous escomptions aller à Christiansö, minuscule danoise au nord de l’île de Bornholm, mais compte tenu de l’intensité du vent, cela nous est interdit…
Le temps de nous amarrer et de faire quelques courses, Simrishamn fermait pour trois jours : Midsommar fête oblige ! La lumière est un facteur important pour les Suédois et le jour le plus long y est abondamment fêté. Par familles ou groupes d’amis (club nautique pour Göran, entreprise pour d’autres…), ils se rendent à la campagne (plus particulièrement sur une île perdue dans un archipel pour les gens que nous rencontrons), dressent un arbre de mai, ancien symbole de fertilité, dansent, chantent, organisent des jeux, mangent et… boivent. Le plus gros de la fête a lieu le vendredi après-midi, mais il faut bien jusqu’au lundi matin pour s’en remettre !
Nous sommes donc repartis vendredi tôt le matin, pour une navigation plus longue : plus de 60 miles jusqu’à Karlskrona. La météo prévoyait un vent portant jusqu’à 20 nœuds : bon vent, mais rien d’impressionnant…
Nota : vous remarquerez que depuis que nous avons explosé notre spi [voile qui n’est utilisable qu’au vent portant], nous bénéficions de vents portants…
La matinée a d’ailleurs été fort calme, et j’en ai profité pour tenter le gâteau d’anniversaire d’usage chez les Kerfriden (pour ceux qui n’auraient pas suivi : gâteau au chocolat et aux amandes, en général légèrement brûlé). Sans balance, en remplaçant la farine de blé par de la farine sans gluten et de la maïzena, avec des œufs des Pays-Bas, du beurre de Danemark et sans indication de température sur le four, je l’ai réussi ! J’ai même reproduit la légère croûte noire et brûlée traditionnelle : pas mal, hein ?
Daniel mettait à l’eau la ligne de traîne, histoire de s’occuper, et ramenait notre déjeuner : une aiguillette (qu’il a préparée lui-même) !Et sans prévenir (hors l’apparition d’un nuage noir peu ragoutant), le vent est monté à 35 nœuds. Daniel ne tenait plus le bateau, la bibliothèque de bord (et le gâteau au chocolat) se sont retrouvés par terre… Le temps de prendre un deuxième ris, d’enrouler le génois, d’installer la trinquette… Le nuage était passé et le vent passait sous les 10 nœuds… Beaucoup d’effort pour pas grand ‘chose ? Nous avons cependant été consolés de la perte de notre spi : ce coup de vent nous a permis d’observer l’explosion du spi d’un voilier suédois… Ce n’est pas charitable, mais cela console un peu !
Après 12 heures de navigation, nous arrivions au fond d’un archipel, fortifié, à Karlskrona. La Scanie (région où sont implantées Gislövs Läge, Ysdat et Kåseberga) et la Blekinge sont des régions qui étaient danoises jusqu’en 1658, et l’objet d’affrontements violents et continus entre les deux nations. En revanche, les ports de la Blekinge restaient libres de glace en hiver, et dès la reconquête de la région, le gouvernement suédois décide d’y transférer les chantiers navals et la fine fleur de la Marine nationale. Une île quasi-inhabitée devient le plus grand chantier et port de la Marine dès le début du XVIII° siècle : Karlskrona est née.
A notre arrivée, grande agitation parmi les hôtes étrangers du port : le maître du port a disparu, les sanitaires ne sont plus approchables… C’est midsommar et l’ensemble de la ville est mort ! Les codes d’accès sont finalement retrouvés, mais la ville reste déserte… de même que le port. Les étrangers se serrent les coudes, et nous lions conversation avec plusieurs équipages, avant d’aller prendre le café à bord d’un voilier belge !
Heureusement, la ville est belle, ses fortifications toujours bien présentes ; nous trouvons un (pas deux) magasin d’alimentation ouvert, et le musée est ouvert samedi jusqu’à 18h ! Que demande le peuple ?La visite du musée (www.marinmuseum.se) nous a enthousiasmés : modèles de navires du XVII° siècle, figures de proue de plusieurs mètres de hauteur, vie à bord des bâtiments, histoire des batailles navales entre nations scandinaves, et entre la Suède et la Russie…
D’ailleurs, savez-vous que corps de garde, ligne de front, Duc D’Albe… sont des noms suédois ?
Demain, la météo promet des vents plus faibles : peut-être pourrons-nous aller à Utklippan, un tout petit port creusé dans le roc des trois îlots déserts ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire