vendredi 13 août 2010

Aux alentours de Mull

Notre premier objectif sur la côte Ouest de Écosse était l’île de Mull : tout le monde nous l’avait vantée, de même que les îles plus petites qui l’entourent.
Au sortir du canal calédonien, nous mettons donc le cap au Sud-Ouest, et d’ailleurs il n’y a pas d’autre choix car la faille qui a permis le canal se poursuit en mer, avec le Loch Linnhe. Nous ne sommes donc pas dépaysés : mêmes montagnes, même orientation, il y a très peu de vent, la mer est aussi calme sue le canal et nous sommes toujours au moteur, et la petite bruine qui a tendance à nous coller aux basquettes est toujours là ! Nous avons fait nos calculs de marée avec soin : nous devrions avoir du courant contre nous, et il nous est favorable. Que demande le peuple ? D’ailleurs, les quelques jours suivants nous confirmeront que les courants prédits sont rarement ceux que nous observons en réalité, mais ils sont relativement faibles dans cette région, et les coefficients de marée sont ridicules pour notre première journée de navigation en mer. Le vent monte à 10 nœuds dans l’après-midi et nous arrivons vers 16h30 vendredi 6 août dans le Loch Corrie (56°40N 5°10W). 6 bouées ont été installées par les propriétaires d’un domaine immense qui comprend cette baie, des fermes agricole et marine, une carrière, des cottages à louer... Une petite étiquette sur la bouée nous révèle que la nuitée sur la bouée est gratuite, mais que le domaine gère une restaurant situé à 200m , et que nous pourrions envisager d’y prendre un repas. Ce restaurant nous a été recommandé : une promenade sur le domaine, la visite du jardin potager dont proviennent les légumes du restaurant et nous vérifions que l’adresse est excellente !
Samedi nous empruntons le Sund of Mull, un chenal qui longe la côte Est de l’île du même nom, et nous permettra de rejoindre la ville principale, Tobermory 56°37N 6°03W). Toujours un paysage montagneux agrémenté comme il se doit de quelques châteaux en ruine, mais avec un peu de soleil, et du vent… dans le nez. Tobermory est un village très typé, avec des maisons aux crépis de toutes les couleurs. Le port comprend une marina toute neuve qui offre un excellent service, même si la houle y créé un peu de ressac. Le soleil est généreux, alors nous prenons notre temps, visitons un des nombreux pubs… La nuit est calme et sous un ciel découvert, « fraîche », et il fait 12°c dans le bateau au lever (rappel : nous sommes au mois d’août)…
Nous aurions souhaité visiter l’île de Coll, un peu au Nord, mais un vent frais est annoncé pour la nuit qui vient de secteur Sud… Nous passons donc Coll et mettons le cap sur l’île de Staffa, en route vers un mouillage au Sud-Ouest de l’île de Mull. Deux heures après notre départ nous naviguons au près à 5 nœuds avec un vent léger, de nouveau dans la grisaille. Daniel voit un aileron remuant mollement à la surface de l’eau : nous rentrons le génois et à petite vitesse, nous nous rapprochons de l’animal, nous lui tournons autour, et lui fait de même. La rencontre dure un peu. Il fait bien 6 mètres de long. C’est un requin pèlerin, qui nage la gueule grande ouverte car il se nourrit du plancton qu’il filtre. Il ne présente donc aucun danger… Cependant, voire de si près une bête de cette taille est impressionnant, et en même temps émouvant. Danièle prend des photos, mais assise sur le pont pour mieux assurer son équilibre ! Un quart d’heure plus tard, deuxième rencontre ! Même manœuvre de voile, le requin est un peu plus petit, et la rencontre plus courte : il plonge et passe sous le bateau. Cinq minutes encore et nous nous faisons surprendre par un requin que nous voyons tard : pas le temps de réduire la toile, le requin plonge et passe sous le bateau, en même temps que Daniel tente de modifier sa trajectoire pour l’éviter : nous sentons que nous sommes entrés en collision, mais mollement : nous espérons que notre requin s’en sort avec une belle bosse… Nous arrivons à l’île de Staffa en milieu d’après-midi. La mer est assez agitée, et il n’est pas question de mouiller. Nous visitons donc le Sud de l’île en bateau : il consiste en colonnes balsamiques et en grottes surprenantes. Et nous repartons pour nous abriter pour la nuit à la pointe Sud-Ouest de Mull, devant le village de Bunessan. Petit village perdu ? Certes, mais avec un hôtel restaurant de bonne classe et très fréquenté : toute la vie locale semble s’y être concentrée. Nous nous attablons aussi, et nous délectons d’un haggis et un morceau de mouton cuisiné à l’anglaise. Comme promis, le vent souffle fort pendant la nuit, mais nous avons confiance en notre mouillage. Et il pleut à verse, comme les deux nuits qui viendront, mais la journée de lundi est belle et ensoleillée. Le vent est aussi tombé, et nous faisons un saut de puce vers l’île de Iona. La houle remue un peu le bateau, mais l’ancrage paraît bon : nous débarquons. Celle-ci est réputée comme le berceau du christianisme en Ecosse : Saint-Colomba (qui a aussi œuvré à Luxeuil) y a créé un centre religieux au VI° siècle qui a eu un énorme retentissement. Le monastère que l’on peut voir aujourd’hui date plutôt du XVI°, mais il demeure très spécial et émouvant. Le village, au-delà de son aspect touristique est magnifique, et si nous avions plus de temps…
Mais il nous faut repartir, les mouillages sont rares sur la côte Sud de l’île de Mull, et par vent de Sud, il n’y en a pas. Nous avons donc du chemin à faire pour rejoindre l’extrémité Sud-Est de lîle et le Loch Spelve qu’on nous a recommandé pour son paysage et sa faune. Nous arrivons à l’entrée du chenal d’accès au Loch vers 20h00, avec un courant contraire, qui ne dépassera pas 1, 5 nœuds heureusement : un demi-heure plus tard nous sommes mouillés tout au Nord du Loch, parfaitement abrité, entouré de montagnes, mais encombré de fermes marines. Mais au coucher du soleil, tout est beau ! Nous avons même aperçu une loutre de mer, et nous en verrons une seconde le lendemain matin. Pas de grasse matinée (pourtant méritée !) mardi : aujourd’hui nous devons négocier le passage de trois chenaux, avec des coefficients de marée de 100… C’est donc la marée qui commande. De plus, les courants de marée dans le Sund of Luign et le Dorus Mor (qui nous emmèneront vers le Sud et l’entrée du canal de Crinan) n’ont pas des durées équilibrées : ils sont pendant 3 bonnes heures favorables pour aller du Nord au Sud, et près de 9 heures favorables aux navires qui se dirigent vers le Nord. Et, de fait, nous n’aurons pas le temps de prendre le dernier chenal avant la renverse des courants : la sortie du chenal du Loch Spelve se passe très rapidement, avec un courant favorable jusqu’à 2 nœuds, sur une mer un peu formée, le passage du Sund de Luign aussi, mais à 11h00, le vent est tombé et la renverse des courants a lieu : nous devons renoncer à poursuivre notre route au Sud. Celà nous permet également d'éviter de se faire engloutir vers l'ouest par les courants du Golf de Corrywrekan que nous observons de loin. Nous nous laissons donc porter vers l’est, sous un grand soleil, vers la baie d’Asknish. Nous y trouvons une bouée avec une étiquette « Royal Estate », qui n’avait visiblement pas été utilisée depuis longtemps, et comme elle nous convenait parfaitement… elle nous a permis de déjeuner (crêpes sans gluten finlandaises) et d’attendre la renverse des courants dans un endroit fort agréable !
A 15h30, forts de notre calcul de marée, nous repartions persuadés d’avoir dans la Dorus Mor des courants favorables. Eh ! bien, non. Nous avions un demi-noeud contraire, mais avec un bon vent, et en sachant que le temps jouait pour nous, nous n’avons pas eu de difficulté. Celle-ci nous attendait en fait à l’entrée du canal : alors que nous avions eu du vent d’Ouest jusqu’à 17 heures, à 17h15, le vent passait Nord-Ouest et levait une mer agitée en travers de l’entrée de l’écluse lorsque nous nous y présentions à 17h15 : impossible d’entrer…
Nous nous sommes réfugiés à l’abri du vent, de l’autre côté de la baie de Crinan, en mouillant notre ancre sans grand espoir : la carte indiquait des fonds de roches… Mais elle nous a semblé bien accrochée, et les vents ont décru en début de nuit : nous avons dormi ! Le matin et l’ancre remontée à bord nous montreront que les fonds étaient de vase, bien gluante et parfaite pour retenir une ancre…
Avec l’espoir que les vents ne re-forceraient pas trop tôt mercredi 11 matin, et nous laisseraient le temps de rentrer dans le canal…

Aspects techniques
  • Comme partout mais c'est encore plus vrai ici, éviter absolument de naviguer vent contre courant surtout quand il atteint 5 à 6 kt ou plus comme dans le Golf de Corrywrekan.




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2 commentaires:

  1. alain et martine benedictus15 août 2010 à 22:54

    Hello sommes de retour après 3 semaines passées au vent breton. !

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  2. Alain et martine benedictus16 août 2010 à 18:31

    Impressionant le requin pélerin!

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