Ça y est ! Nous voilà à Fouesnant. Nous avons fait un superbe voyage, nous en sommes très heureux, mais nous avons un énorme plaisir à rentrer à la maison ! 4 mois, c’est bien et c’est long, c’est selon…
Donc nous sommes restés à Kilmore Quay au Sud-Est de l’Irlande pendant 3 jours, en attendant que le coup de vent passe et que la mer se calme « un peu ». Nous en avons profité pour visiter la ville voisine de Wexford, faire de menus travaux sur le bateau, nous promener, admirer le phoque vedette du port. Le vent n’a pas empêché les moments de grand soleil et nous avons bien apprécié notre attente.
Samedi 21 août nous quittions le port pour les îles Scilly au Sud-Ouest de la pointe de la Cornouaille britannique. 140 miles dans de bonnes conditions, avec un vent léger mais suffisant pendant les ¾ de la traversée, avec un ciel dégagé, du soleil dans la journée et la lune pour nous éclairer pendant la nuit : agréable et facile. De temps en temps du courant contraire, évidemment, mais surtout encore une mer agitée : nous avons été encore malades… Nous sommes arrivés entre les îles de Bryer et de Tresco vers 11 heures du matin (traversée de 24 heures environ) et avons été surpris par la transition entre la mer et l’archipel. Certes, il faisait beau en mer, mais l’entrée dans un archipel sous le soleil, dans un archipel éclatant de couleurs et d’une grande quiétude malgré la fréquentation touristique était magique. Pourtant nous connaissons l’endroit, pour y avoir mouillé deux fois « quand nous étions jeunes » : nous arrivions déjà en territoire connu, d’autant que la majorité des bateaux à l’ancre étaient français, et que le premier bateau que nous avons vu et auprès duquel nous avons mouillé était un RM 10.50, Chamagui ! Et nous savions aussi qu’un autre RM 10.50, Ovento était aussi dans l’archipel.
Mais il y avait une urgence : nous sommes allés faire la sieste ! Puis une visite sur l’île de Bryer, et des emplacements notés dans le blog de l’association des propriétaires comme favorables à un « beachage » (poser du bateau à marée basse sur la plage) : nous préparons l’avenir… Et apéritif avec l’équipage de Chamagui. L’équipage de Ovento étant beaché sur l’île voisine n’a pas pu nous rejoindre, mais s’est rattrapé le lendemain avant notre départ. La pluie a eu la bonne idée de tomber pendant la nuit, et au matin nous avons pu aller raviver nos souvenirs sur l’île de Tresco, et repérer la côte nord de l’île.
Nous avions presque l’intention de rejoindre Ovento et de beacher à côté de lui, mais les prévisions météo en ont décidé autrement : un coup de vent de Sud (dans le nez, donc) s’annonçait sur l’archipel et le chemin vers la Bretagne pour mercredi matin : nous voulions être rentrés avant. Nous avons donc fixé notre départ à 16 heures le lundi 23 août, de façon à avoir de bonnes chances d’embouquer le chenal du Four avec un courant portant vers le Sud. Nous avons traversé l’archipel à marée haute, toujours sous le soleil et avec des paysages toujours magnifiques, mais avec un vent un peu soutenu : 2 ris et la trinquette nous suffisaient largement. Le vent est d’ailleurs resté soutenu jusqu’à l’aube avec une moyenne de 22 nœuds et des pointes à 26, sur l’arrière, et la mer… très agitée, avec une bonne houle et des vagues plutôt confuses. Compte tenu de notre expérience de la veille, nous avions pris des cachets de Nautamine : nous n’avons pas été malades ! Mais nous ne nous sommes pas non plus sentis en grande forme, plutôt assommés… Heureusement le PA nous a encore surpris par sa capacité à tenir le bateau dans ces conditions agitées. Nous avons traversé les rails anglais de cargos en début de soirée sans même à avoir à adapter notre cap. Pour mieux stabiliser le bateau, nous avons choisi de nous écarter encore du vent arrière, quitte à passer à l’Ouest de Ouessant, plutôt qu’à l’Est : adieu à notre escale à Camaret… En revanche, notre vitesse à augmenté, et nous avons la vitesse de 12 nœuds pour la première fois. Autre première : la traversée des rails français des cargos de nuit. Le trafic y est nettement plus important, mais l’AIS nous a rendu les décisions plus faciles. En général, sa portée nous permet de voir 3 cargos arrivant l’un derrière l’autre, et dont nous devons croiser la route perpendiculairement : le premier passe évidemment devant nous et le troisième passe évidemment derrière nous. Pour le second, c’est plus corsé : un porte containers a fait une correction de route de 10° pour nous laisser passer, un autre a au contraire choisi d’incurver sa route quitte à nous couper la nôtre : le suspens a duré jusqu’au dernier moment et nous avons dû rentrer le génois pour le laisser passer, à très petite distance…
Au petit matin, nous passions à l’Ouest de Ouessant, avec des vents nettement plus faibles. Les courants de marée nous étaient bien favorables, mais ne le seraient pas jusqu’au passage du Raz de Sein, plus au Sud. Une escale au Cap de la Chèvre (Pointe de la Bretagne) serait nécessaire ?? La mer s’est calmée, les coefficients de marée ne sont pas trop élevés, le courant contraire nous portera vers le Nord, mais le vent sera d’Ouest : nous évitons la situation détestable du « vent contre courant » : nous décidons de tenter de forcer le passage, tout en sachant que cela prendra un certain temps.
Jusqu’à midi et l’arrivée à la hauteur du phare de Tévennec, tout va bien : le courant est contraire, mais relativement faible. Mais comme prévu la situation devient plus tendue entre Tévennec et les phares de La Vieille et de La Plate : jusqu’à 4 nœuds de courant contraire. De plus, l’un des effets du courant est de nous « voler » notre vent, qui semble diminuer. Nous avons beau mettre le moteur et le faire tourner à un bon régime, nous piétinons. En plus des « marmites » et des vaguelettes en tous sens levées par le courant, quelques grosses vagues nous arrivent de l’arrière et certaines font mine de déferler. Nous mettons les gilets de sauvetage et nous attachons. Mais cela ne va pas plus loin : tout à coup, le paysage recommence à défiler, d’abord lentement, puis plus rapidement : nous sommes passés ! Le courant sera encore défavorable pendant une bonne dizaine de miles, mais de moins à moins intense.
A 16 heures, le vent est très faible et de travers. Nous décidons de monter le spi asymétrique. Mal rangé après la dernière utilisation, il nous donne un peu de fil à retordre, mais joue son rôle pendant près de deux heures. La Bretagne a bien fait les choses pour notre retour : le soleil est là, au point que nous ressortons les casquettes que nous n’avions plus utilisées depuis la Norvège ! Nous allons à presque 5 nœuds sous spi sur une mer calme, et… un banc de marsouins nous rejoint. Ils sont sans doute plusieurs dizaines, car rien qu’autour de la proue nous en comptant une dizaine, et d’autres nagent ou sautent tout autour du bateau. La mer grouille de vie. Nous devons suivre le déplacement d’un banc de poissons, car les oiseaux de mer sont proches et s’activent à plonger pour pêcher : les marsouins restent avec nous un petit quart d’heure. Nous avons le temps de remarquer celui qui frappe la mer de sa queue avant de replonger sous l’eau, celui qui a des cicatrices sur le dos, ceux qui nous montrent leur ventre clair pour surveiller l’étrave d’un regard de côté, ceux qui bousculent leurs congénères pour prendre la « meilleure » place à l’étrave… Encore un moment magique !
A 18 heures, le vent est tombé, et les derniers miles se feront au moteur.
A 23 heures, heure anglaise (minuit, heure française), nous sommes amarrés à notre port d’attache, Port-la-Forêt. 31 heures de traversée, plus de 200 miles, c’est bon de rentrer… et de dormir…
Notre dernière entrée dans ce blog se fera dans quelques jours, sous forme d’un bilan. D’ores et déjà, nous remercions nos fidèles (et même occasionnels) lecteurs !
Aspects techniques
Donc nous sommes restés à Kilmore Quay au Sud-Est de l’Irlande pendant 3 jours, en attendant que le coup de vent passe et que la mer se calme « un peu ». Nous en avons profité pour visiter la ville voisine de Wexford, faire de menus travaux sur le bateau, nous promener, admirer le phoque vedette du port. Le vent n’a pas empêché les moments de grand soleil et nous avons bien apprécié notre attente.
Samedi 21 août nous quittions le port pour les îles Scilly au Sud-Ouest de la pointe de la Cornouaille britannique. 140 miles dans de bonnes conditions, avec un vent léger mais suffisant pendant les ¾ de la traversée, avec un ciel dégagé, du soleil dans la journée et la lune pour nous éclairer pendant la nuit : agréable et facile. De temps en temps du courant contraire, évidemment, mais surtout encore une mer agitée : nous avons été encore malades… Nous sommes arrivés entre les îles de Bryer et de Tresco vers 11 heures du matin (traversée de 24 heures environ) et avons été surpris par la transition entre la mer et l’archipel. Certes, il faisait beau en mer, mais l’entrée dans un archipel sous le soleil, dans un archipel éclatant de couleurs et d’une grande quiétude malgré la fréquentation touristique était magique. Pourtant nous connaissons l’endroit, pour y avoir mouillé deux fois « quand nous étions jeunes » : nous arrivions déjà en territoire connu, d’autant que la majorité des bateaux à l’ancre étaient français, et que le premier bateau que nous avons vu et auprès duquel nous avons mouillé était un RM 10.50, Chamagui ! Et nous savions aussi qu’un autre RM 10.50, Ovento était aussi dans l’archipel.
Mais il y avait une urgence : nous sommes allés faire la sieste ! Puis une visite sur l’île de Bryer, et des emplacements notés dans le blog de l’association des propriétaires comme favorables à un « beachage » (poser du bateau à marée basse sur la plage) : nous préparons l’avenir… Et apéritif avec l’équipage de Chamagui. L’équipage de Ovento étant beaché sur l’île voisine n’a pas pu nous rejoindre, mais s’est rattrapé le lendemain avant notre départ. La pluie a eu la bonne idée de tomber pendant la nuit, et au matin nous avons pu aller raviver nos souvenirs sur l’île de Tresco, et repérer la côte nord de l’île.
Nous avions presque l’intention de rejoindre Ovento et de beacher à côté de lui, mais les prévisions météo en ont décidé autrement : un coup de vent de Sud (dans le nez, donc) s’annonçait sur l’archipel et le chemin vers la Bretagne pour mercredi matin : nous voulions être rentrés avant. Nous avons donc fixé notre départ à 16 heures le lundi 23 août, de façon à avoir de bonnes chances d’embouquer le chenal du Four avec un courant portant vers le Sud. Nous avons traversé l’archipel à marée haute, toujours sous le soleil et avec des paysages toujours magnifiques, mais avec un vent un peu soutenu : 2 ris et la trinquette nous suffisaient largement. Le vent est d’ailleurs resté soutenu jusqu’à l’aube avec une moyenne de 22 nœuds et des pointes à 26, sur l’arrière, et la mer… très agitée, avec une bonne houle et des vagues plutôt confuses. Compte tenu de notre expérience de la veille, nous avions pris des cachets de Nautamine : nous n’avons pas été malades ! Mais nous ne nous sommes pas non plus sentis en grande forme, plutôt assommés… Heureusement le PA nous a encore surpris par sa capacité à tenir le bateau dans ces conditions agitées. Nous avons traversé les rails anglais de cargos en début de soirée sans même à avoir à adapter notre cap. Pour mieux stabiliser le bateau, nous avons choisi de nous écarter encore du vent arrière, quitte à passer à l’Ouest de Ouessant, plutôt qu’à l’Est : adieu à notre escale à Camaret… En revanche, notre vitesse à augmenté, et nous avons la vitesse de 12 nœuds pour la première fois. Autre première : la traversée des rails français des cargos de nuit. Le trafic y est nettement plus important, mais l’AIS nous a rendu les décisions plus faciles. En général, sa portée nous permet de voir 3 cargos arrivant l’un derrière l’autre, et dont nous devons croiser la route perpendiculairement : le premier passe évidemment devant nous et le troisième passe évidemment derrière nous. Pour le second, c’est plus corsé : un porte containers a fait une correction de route de 10° pour nous laisser passer, un autre a au contraire choisi d’incurver sa route quitte à nous couper la nôtre : le suspens a duré jusqu’au dernier moment et nous avons dû rentrer le génois pour le laisser passer, à très petite distance…
Au petit matin, nous passions à l’Ouest de Ouessant, avec des vents nettement plus faibles. Les courants de marée nous étaient bien favorables, mais ne le seraient pas jusqu’au passage du Raz de Sein, plus au Sud. Une escale au Cap de la Chèvre (Pointe de la Bretagne) serait nécessaire ?? La mer s’est calmée, les coefficients de marée ne sont pas trop élevés, le courant contraire nous portera vers le Nord, mais le vent sera d’Ouest : nous évitons la situation détestable du « vent contre courant » : nous décidons de tenter de forcer le passage, tout en sachant que cela prendra un certain temps.
Jusqu’à midi et l’arrivée à la hauteur du phare de Tévennec, tout va bien : le courant est contraire, mais relativement faible. Mais comme prévu la situation devient plus tendue entre Tévennec et les phares de La Vieille et de La Plate : jusqu’à 4 nœuds de courant contraire. De plus, l’un des effets du courant est de nous « voler » notre vent, qui semble diminuer. Nous avons beau mettre le moteur et le faire tourner à un bon régime, nous piétinons. En plus des « marmites » et des vaguelettes en tous sens levées par le courant, quelques grosses vagues nous arrivent de l’arrière et certaines font mine de déferler. Nous mettons les gilets de sauvetage et nous attachons. Mais cela ne va pas plus loin : tout à coup, le paysage recommence à défiler, d’abord lentement, puis plus rapidement : nous sommes passés ! Le courant sera encore défavorable pendant une bonne dizaine de miles, mais de moins à moins intense.
A 16 heures, le vent est très faible et de travers. Nous décidons de monter le spi asymétrique. Mal rangé après la dernière utilisation, il nous donne un peu de fil à retordre, mais joue son rôle pendant près de deux heures. La Bretagne a bien fait les choses pour notre retour : le soleil est là, au point que nous ressortons les casquettes que nous n’avions plus utilisées depuis la Norvège ! Nous allons à presque 5 nœuds sous spi sur une mer calme, et… un banc de marsouins nous rejoint. Ils sont sans doute plusieurs dizaines, car rien qu’autour de la proue nous en comptant une dizaine, et d’autres nagent ou sautent tout autour du bateau. La mer grouille de vie. Nous devons suivre le déplacement d’un banc de poissons, car les oiseaux de mer sont proches et s’activent à plonger pour pêcher : les marsouins restent avec nous un petit quart d’heure. Nous avons le temps de remarquer celui qui frappe la mer de sa queue avant de replonger sous l’eau, celui qui a des cicatrices sur le dos, ceux qui nous montrent leur ventre clair pour surveiller l’étrave d’un regard de côté, ceux qui bousculent leurs congénères pour prendre la « meilleure » place à l’étrave… Encore un moment magique !
A 18 heures, le vent est tombé, et les derniers miles se feront au moteur.
A 23 heures, heure anglaise (minuit, heure française), nous sommes amarrés à notre port d’attache, Port-la-Forêt. 31 heures de traversée, plus de 200 miles, c’est bon de rentrer… et de dormir…
Notre dernière entrée dans ce blog se fera dans quelques jours, sous forme d’un bilan. D’ores et déjà, nous remercions nos fidèles (et même occasionnels) lecteurs !
Aspects techniques
- Excellent comportement du pilote automatique Raymarine ST 6002 qui se comporte comme un véritable 3ème membre d’équipage. Réglage : sensibilité 2, gain 5. Consommation de l’ordre de 2A/h dans ces conditions. Même par mer forte sur l’arrière, le PA rattrape rapidement et évite les empannages. Il a même rattrapé un départ au lof. Il faut l’aider en équilibrant sérieusement le bateau et en gardant suffisamment de toile sur l’avant. Nous avions 2 ris, la trinquette et le génois. Rail complètement sous le vent.
- Même par vent faible (8 à 10 kt de travers), faible coefficient (76) et houle modérée (1,5m), le passage du raz de Sein n’est jamais gratuit. Une vague a fini de déferler sur l’extrémité arrière. L’aide d’un bon moteur est appréciée.